Okja
7
Okja

film de Bong Joon-Ho (2017)

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L'histoire d'un super-cochon dans un monde pas-super

En zappant sur Netflix, je tombe sur ce titre un peu chelou "Okja" et lance un regard à mes deux amis avec qui je passe une soirée ciné plutôt médiocre.
Le film étant franchement bien noté et encensé par Allociné (Allociné, le même site qui estime que le Prince d'Egypte vaut 3,6/5, qu'Inception en vaut 4,5, soit la même note qu'Envol au-dessus d'un nid de coucou, donc un site de merde, disons-le crument)... Je m'exclame d'une voix enjouée : "Oh, regardons ce film récent sur une thématique inépuisable qu'est la cause animale dans la société de surconsommation !"
Illico presto, le film s'ouvre sur un speech de Tilda Swinton qui incarne Lucy Mirando, la boss de la société Mirando qui a fabriqué des super-cochons, a distribué les bébés à 25 fermiers des 4 coins du globe (pour rendre la démarche plus éco-friendly). Elle explique que son projet de dingue, qui devrait pouvoir nourrir la planète entière est vraiment super cool, et qu'elle est super gentille avec les animaux même s'ils sont génétiquement modifiés. Au final, on comprend que le projet n'aboutira que dix ans plus tard. Sur les fermiers sélectionnés, une certaine Mija, s'est liée d'amitié avec sa super-cochonne, Okja - qui ressemble plus à un hippopotame croisé à un cochon d'inde qu'un porc. Les dix ans sont passés, un vétérinaire complètement débile campé par Jake Gyllenhaal débarque pour prendre Okja, la présenter en star-vedette à New-York lors de l'ouverture de production de la viande des super-cochons.


Pourquoi ce film est cool et pourquoi je le recommande?
Bong Joon-ho , c'est Snowpiercer (inovant), The Host (non merci).
Dans un registre tout autre, "Okja" est touchant. Même si je n'ai pas été marqué par la technologie déployée pour créer la créature adorable héroïne du film, Okja est d'actualité. Brut, le film est parfois même un peu lourdingue mais c'est avec les caricatures que nous nous apercevons que les défauts exagérés sont néanmoins réels. Le choix de nous servir des personnages, ultra stéréotypé ne tombe pas dans le faux. La psychopathe Lucy Mirando sied parfaitement à Swinton : ultra froide, coeur de glace, mais dans l'apparence constante et l'obsession de soi-même. Certes, Swinton a choisi la sécurité et nous n'avons aucune surprise à la découvrir ainsi. Et alors? Quant à Jake Gyllenhaal, son personnage est tout simplement dégueulasse : moche, vulgaire, con comme ses pieds, sadique, bref : de temps en temps, le jeu de J.G m'a un peu saoulé et j'ai trouvé ça "too much", mais j'ai réalisé que c'était exactement ce que le réalisateur voulait me faire ressentir alors je me suis dit "ok, très bien".
Maintenant, parlons de Ahn Seo-hyeon. Mija est un personnage introverti, une petite des montagnes débrouillarde qui est définie dans le film par son amour pour Okja - et uniquement par ça. C'est pas plus mal, Mija a 13 ans et Okja est ultra-importante pour elle : c'est sa seule amie, sa soeur, bref on a compris le profil de la gamine un peu sauvage - elle m'a même fait penser à San dans Princesse Mononoké, sans une once de haine cette fois.
A un moment, on découvre un groupuscule de défense des animaux avec des membres plus ou moins intelligents mais tous dévoués - (ya un mec qui veut pas manger une tomate parce qu'elle a été exploitée à cause des gaz de j'sais plus quoi, je trouve ce second-degré et l'autodérision exquis.) En plus, dans les activistes, il y a GLENN DE WALKING DEAD enfin j'veux dire Steven Yeun. Une raison supplémentaire de mater ce film.
Et puis Okja... Okja incarne l'animal type tendre, qu'on ne peut qu'aimer. Okja ne se nourrit pas de viande, c'est un bel animal bien gros, bien pataud mais particulièrement intelligent avec deux yeux crevant d'émotions. En fait, c'est globalement un gros hippopotame mais pacifique (je vous rappelle que les hippopotames tuent plus que les requins, bisous).
L'histoire d'amitié, que dis-je, de famille qui unit Mija et Okja est touchante. Elle nous fait même oublier qu'il s'agit d'une relation humain à animal puisque la sensibilité des animaux est telle - que nous ne pouvons nier qu'ils sont nos égaux.
En fervant défenseur de la cause animale (et plus particulièrement de la vie marine), ce film touchera ceux qui, comme moi, estiment que toutes les vies se valent : humaines ou animales.
Il y a une scène du film, à la fin (NO SPOIL), qui m'a particulièrement pris aux tripes et, si vous avez vu le film, vous savez de quelle scène je parle. Coup de poing, ce long-métrage souligne en gras les impasses de la société de surconsommation où la vie est moins importante que l'argent et où la mort est commercialisée. Pas besoin de devenir vegan : vous n'arrêterez pas les abattoirs de massacrer des pauvres vaches en choisissant le soja au veau, mais en adoptant quelques habitudes et en régulant votre consommation, vous affaiblissez le système et surtout si vous êtes nombreux !


Bien évidemment, je vous encourage vivement à voir ce film qui m'a plu et qui m'a ému jusqu'aux larmes. Petite mention à la bande originale et à Paul Dano : son personnage est super intéressant et surprenant.

ZackHirako
8
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Créée

le 20 août 2017

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ZackHirako

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