Moi, ma femme et mon boeuf

Voulu comme un hommage à l'agriculture bovine traditionnelle, à ces hommes et ces animaux qui se sont tués à la tâche durant des siécles avant de laisser place aux machines agricoles, ce docu coréen suit un couple de fermiers propriétaires d'un boeuf quadragénaire auquel il ne reste que quelques mois à vivre. L'agonie du bovidé sonne évidemment comme une métaphore de la propre fin de vie des deux agriculteurs, avec en fil rouge une question centrale : continuer ou arrêter ?

Le vieillard, résigné à l'idée de labourer ses terres jusqu'à sa mort, refuse obstinément de mettre sa bête à la retraite, tandis que sa femme aimerait enfin pouvoir jouir de quelques années de repos bien méritées après une vie entière de labeur. Et le trio de voguer vers une situation de plus en plus intenable, alors que la santé des uns et des autres décline à vue d'oeil.

Old Partner nous sert ainsi une histoire comme seul le genre documentaire peut en offrir, donnant au tragique destin de ces véritables survivants un caractère éminemment poignant. D'abord plombé par un rythme lancinant, le film gagne peu à peu en rythme alors que l'empathie grandit face à la déliquescence de ces corps et âmes burinés par des décennies de labour.

Une empathie qui naît en grande partie de la pudeur du couple, puisque la complexité de leurs sentiments envers leur bête mourante reste relativement sous-jacente (ou alors ouverte au fantasme du spectateur, c'est selon). D'où peut-être la tentation du réalisateur d'en rajouter inutilement quelques couches sur la fin à coups de violons et de ralenti sur les larmes du bovidé. Cela n'en reste pas moins un chant du cygne simple et touchant, qui a le mérite de ne jamais porter de jugement sur ses protagonistes.