Sydney Pollack adapte ici le roman éponyme d’Horace McCoy et en restitue une oeuvre incroyable où le voyeurisme repousse les limites de l’absurde. Le film se situe dans les années 30 aux Etats-Unis, en pleine dépression, les gens sont prêts à tout pour avoir de l’argent et pouvoir manger sans se soucier de savoir, s’ils en ont les moyens ou non. C’est pour cela qu’ils sont nombreux à vouloir participer à un marathon de danse qui est organisé et où seul un couple parviendra à empocher la somme de 1500 dollars s’il tient le plus longtemps possible. Quant aux participants, ils sont assurés de pouvoir manger matin, midi et soir sans rien débourser. L’offre est plus qu’alléchante et la foule se presse pour pouvoir participer à un tel marathon, mais peu savent réellement ce qui leur sera réservé.
Au fil des heures, puis des jours, le marathon semble ne pas vouloir s’arrêter, les candidats sont livrés en pâture, comme des cobayes, ils tentent de survivre à ce marathon qui cumule les heures pendant que les candidats abandonnent au fur et à mesure (sauf pour l’un d’entre eux, où seul un arrêt cardiaque lui sera fatal).
Exposés tels des bêtes de foire, face à un public enjoué qui les encourage à poursuivre en leur jetant des pièces (on se croirait au zoo !!), ils sont humiliés alors que pour certains ils sont à la frontière entre la vie et la mort (la femme enceinte qui se retrouve forcée par son mari, quitte à ce qu’elle mette son enfant en danger). Histoire de pimenter le marathon, les organisateurs n’ont eu d’autre idée que de faire un derby de 10 minutes (un sprint éreintant alors qu’ils sont tous épuisés). On achève bien les chevaux (1970) reflète la triste réalité d’une société en perdition (la télé réalité d’aujourd’hui confirme la tendance). Sydney Pollack réalise ici une oeuvre d’une puissance telle, que l’on est constamment outré de ce que l’on voit à l’image. Quant au duo d’acteurs : Jane Fonda & Michael Sarrazin sont impressionnants dans cette lente descente en enfer. Neuf fois nominé aux Oscars, le film n’en remporta qu’un seul, ce qui est bien dommage car il en méritait plus d’un !


(critique rédigée en 2010)


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le 14 mai 2020

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