Ah, le voyage ! Cette noble quête de l’inconnu, cette aventure initiatique où l’on découvre le monde… ou bien cette interminable corvée où chaque seconde vous rappelle que vous auriez mieux fait de rester en jogging devant Netflix. On aurait dû aller en Grèce, qu’ils disent ? Franchement, on aurait surtout dû éviter d’aller voir ce film.
Nicolas Benamou, le trublion derrière Babysitting et À fond, persiste et signe dans son obsession du chaos en accéléré. Sauf qu’ici, plus de frein à main, plus d’idée non plus : il filme l’hystérie collective avec l’élégance d’un drone en panne de batterie. Chaque scène ressemble à un sketch d’émission du samedi soir où tout le monde crie en espérant être drôle. Spoiler : ça ne marche pas.
Et pourtant, le casting avait de quoi séduire sur le papier. Gérard Jugnot erre dans ce film comme un touriste sans GPS. Son personnage ? Une énième variation du papa dépassé qui, malgré des décennies d’expérience, semble toujours découvrir que la vie de famille est une jungle. Virginie Hocq fait de son mieux, mais elle cabotine avec l’énergie d’une actrice qui sait que l’impro ne suffira pas. Quant à Artus, il enchaîne les vannes comme on jette des cacahuètes à des singes : au mieux, ça amuse un peu, au pire, ça tombe à plat.
Mais là où le film brille, c’est dans son scénario… ou plutôt dans son absence. On dirait un brouillon écrit sur un coin de table entre deux Mojitos. L’histoire ? Un enchaînement de gags réchauffés et de quiproquos éculés, un festival de situations déjà vues ailleurs et en mieux. On sent que tout le budget est parti dans les billets d’avion et la location des 4x4. Et encore, poursuite est un bien grand mot : tout ce petit monde court après quelque chose, mais jamais après un bon scénario. Le comble ? Même les moments qui devraient surprendre tombent à plat, tant tout semble écrit avec un GPS cassé.
Seule la Corse tire son épingle du jeu. Ses paysages magnifiques nous rappellent que le cinéma est bien plus beau quand il se contente d’être une carte postale. D’ailleurs, ce film aurait presque plus d’intérêt projeté en boucle dans les gares pour inciter les gens à partir en vacances. Sans les dialogues, il aurait peut-être gagné en qualité.
Bref, si vous cherchez un film pour tuer le temps entre deux vols retardés, pourquoi pas. Sinon… prenez un billet pour la Grèce, et laissez ce navet sur le tarmac. Ah, et surtout, n’oubliez pas vos bouchons d’oreilles.