Courageux ! Oui , William Wyler ne manque pas de courage en adaptant ce roman de Jesse Hill Ford (et co-scénariste de ce film) retraçant un évènement survenu dans une ville du sud du Tennessee à Humboldt (le film se déroule dans une ville fictive du nom de Somerton) en 1955 l'année de l'installation de l'écrivain , un riche croque mort noir nommé James Claybrook fut assassiné . Et le meurtre resta non-élucidé . Hill Jones apprit que de nombreuses personnes pensaient que Dorothy Claybrook, l'épouse beaucoup plus jeune de James, entretenait une liaison avec un policier blanc et que le croque-mort comptait le désigner comme co-intimé dans son procès en divorce. L'histoire continua : le policier avait assassiné le croque-mort et des fonctionnaires racistes de la ville avaient étouffé le crime. Et voici son synopsis quelque peu modifié : un directeur noir (Roscoe Lee Brown ) aisé d'une petite entreprise de pompes funèbres demande le divorce à son épouse (Lola Folana) qui le trompe avec un policier local (Anthony "au fines ailes" Zerbe). Le directeur engage dès lors le meilleur avocat de la ville (L. J. Cobb), pour le défendre face à son épouse. Dans l'attente du procès de divorce, Cet avocat suggère au policier de faire pression sur l'épouse pour qu'elle renonce à se faire assister d'un avocat, ce qui aurait pour conséquence de faire citer le nom de son amant lors du procès et possiblement de briser sa carrière et sa vie de famille. Comme l'épouse refuse, il s'en prend à son mari. Voila , tout est dans l'énoncé .. Les mentalités n'ont toujours pas évolué , et l'épilogue de ce film ce conclu par une amertume . Frappé par ce roman à succès Wyler plutôt habitué à du cinéma de divertissement , s'y intéressa . Le romancier et Sterling Silliphant écrivirent le scénario . Le même Sillilphant était l'un des scénaristes dés plus respectés d'Hollywood et c'est aussi lui qui était à l'origine du scénario du film de Norman Jewison "In the Heat of the night" , et fort à parier qu'il en a été a une source d'inspiration à "The Liberation of L.B. Jones" (le titre original d' "On N'achète pas le silence") , ce film de Wyler en reprend quelques aspects .. Le film se veut d'un suspens qui soit également d'un commentaire social contemporain .. Mais hélas de part sa mise en scène , son geste , ou l'action qui veut lui donner lui et ses scénaristes est plutôt maladroit et souffre de quelques longueurs (à commencer par la première moitié du film) .. Et contrairement aux personnages qui auraient du être plus complexes restant prisonniers de reflexes racistes (une habitude) plutôt qu'à sa doctrine fondamentaliste , ils ont hélas simplifié les personnages du roman de Hill Ford au point qu'on est plus dans un ressenti d'un stéréotypage que d'une nécessité . Mais en revanche ils ont conservé la mécanique de solidarité entre caucasiens et quelque soient leurs postes et responsabilités pour perpétuer cette ségrégation et l'ordre publique restera toujours préserver pour étouffer des affaires .
À sa sortie , une question se pose : s’agit-il d’une conviction réelle ou d’un opportunisme de fin de carrière (car ce fut la dernière œuvre de ce nabab d'Hollywood) ? Le mot au concerné William Wyler : "Certes des progrès ont été faits, et l’on m’a reproché après ce film, de ne pas tenir compte du fait que l’égalité raciale est inscrite dans les lois, imposée par les tribunaux. Mais cette égalité théorique n’existe pas tant qu’elle n’est pas entrée dans les cœurs."
Contrairement à son roman basé sur des incidents réels survenu dans la ville natale du romancier , le film de Wilder n'a pas été apprécié du grand public (pour ne pas dire un faible succès au box-office à sa sortie) . Probablement mal à l'aise avec les images présentées , la présence du film est sombre , elle est dérangeante et si on s'attend à un dénouement positif à la "In the Heat of the night" , sa fin s'y refuse à cet espoir de réconciliation ..
Il y a quand même quelque chose d'une ironie tragique qui s'est passé dans la vie Jesse Hill Ford et vous allez comprendre ô combien et le fait divers de 1955 ainsi que le synopsis que je vous ai raconté au plus haut est à la fois troublant quand on compare à ce qui va arriver à l'écrivain : ayant reçu un grand succès critique et commercial à son livre , Ford a été critiqué après sa sortie pour avoir je cite "exploité le linge sale de sa ville natale ". De retour à Humboldt , Ford reçu des menaces de mort . Les deux communautés (noires et blanches) étaient mécontents . Un soir , en attendant son fils , Ford a vu une voiture inconnue s'approcher et se garer sur son chemin privé .il appelé la police et saisi son fusil . Il tira et tua le conducteur qui s'avère être ... noir (gosh !) . C'était un marine qui était permission (GOSH !) . C'est pas fini ... Et en plus , il revenait du Vietnam . C'est toujours pas fini ... Une femme et un bébé se trouvaient dans la bagnole (i-) .. c'est presque fini .. En fait (je déteste ce mot "en fait") le couple s'étaient garé dans un endroit calme pour s'embrasser (la , c'est fini !) .Ben pas tout a fait (fini )..Car la ville de Humboldt prête à prouver au monde qu'elle n'était pas raciste , a rapidement arrêté ce "vendu"(voulant prendre sa revanche ) en l'accusant de meurtre . Après un long procès , il sera finalement acquitté . Et en 1996 , déprimé , Jesse Hill Ford se donne la mort . Tada! ... Y a quelque chose en nous de Tennessee .. Y a quelque chose en nous de Tennessee .. Ouais , Tennessee ..
La bande son d'Elmer Bernstein est d'une fusion jazz-funk au top , la présence de Lee Majors (pas top dans un rôle de progressiste) et d'un Yaphet Kotto à l'idée vengeresse (dont le film commence et se termine par le visage de Kotto totalement indécryptable) , la représentation des femmes noires en femme fatale renvoie aux vieux stéréotypes ancien Mulâtre(sse) tragique .
"The Liberation of L.B. Jones" est un film avec de bonnes intentions mais qui hélas de par sa mise en scène manque cruellement d'intensité . Je vous conseil plutôt de lire le livre bien qu'à certains passages de ce bouquin , les noirs soient traités de bas étages et dépeint l'épouse du croque-mort insultante pour les femmes noires .