Il était une fois l’âge d’or du cinéma !

Pour son dixième film de sa carrière en tant que réalisateur, Quentin Tarantino s’approprie d’un sujet royal et curieux, le cinéma des années 60, le fameux âge d’or de l’industrie cinématographique. Avec un genre de contexte comme celui-ci, le réalisateur ne pouvait pas être en manque d’idées. À cette époque, on développait sans cesse des films cultes, des séries divertissantes et on faisait exploser la carrière de nombreuses célébrités. Steve McQueen, Bruce Lee, Le saint, Chapeau melon et bottes de cuir, Il était une fois dans l'Ouest, Psychose, il avait vraiment de quoi exploiter plusieurs éléments cinématographiques, vers plusieurs directions mais bien évidemment, le metteur en scène ne pouvait pas tout incorporer dans un simple long-métrage d’une durée raisonnable de deux heures, surtout que l’évolution des personnages principaux se limite uniquement au territoire américain, particulièrement à Hollywood.


J’ai toujours apprécié les productions dévoilant avec ingéniosité l’architecture imposante des décors et l’organisation minutieuse d’une équipe d’artistes dans un plateau de tournage, ça montre toujours que ça prend du temps, que les choses doivent être bien faites et qu’il ne faut pas faire n’importe quoi. Sur ce principe, le metteur en scène l’a très bien mis en évidence, à travers plusieurs scènes qui mettent l’accent sur les difficultés qu’un acteur peut rencontrer dans un plateau de tournage. Sur ce point, je n’étais pas inquiet, quand Quentin s’attaque à un sujet précieux et accessible, il ne fait jamais les choses à moitié, même si la tendance à en faire un peu trop avec des scènes de dialogues longues, linéaires et barbantes et malheureusement, le film en est pourvu.


La relation incongrue entre Brad Pitt et les Hippies, les échanges incohérents entre une petite fille et Leonardo, Sharon Tate visionnant un film dans une salle de cinéma, toutes ses scènes m’ont paru grotesques et stériles, je pense qu’il avait mieux à faire. Fort heureusement, le casting compense plus ou moins ces détails négatifs que je viens de mentionner. On tient un Leonardo Dicaprio qui développe une large description fort précise de son métier d’acteur et des exigences qu’il doit subir, comme se faire remplacer par un cascadeur, s’habituer à un genre de rôle quand on est connu pour ça ou carrément s’entraîner pendant trois mois avec un lance-flamme pour le manipuler comme un vrai professionnel. En plus ce dernier ne manque pas de classe, il est à fond dans son rôle, comme il l’a toujours été dans certains de ses films comme Le loup de Wall Street.


Avec lui, on note un Brad Pitt fort convaincant et arborant une allure virile satisfaisante, il est cependant regrettable de ne pas le voir exercer sa profession plus souvent, on le voit juste vivre sa belle vie bien pépère, toujours à attendre que Leonardo se décide à l’appeler pour qu’il le remplace. Pour compléter ce beau duo masculin, on remarque la présence de la bombe australienne Margot Robbie, toute joyeuse, pétillante et charmante dans son rôle d’une starlette au sommet de sa gloire. Comme Brad Pitt, je trouve qu’elle ne bénéficie pas d’une description respectable de son personnage, surtout si on parle bien d'un hommage de cette dernière, on ne la voit pas beaucoup sur un plateau de tournage. Le réalisateur nous donne le plaisir de réunir des acteurs fort réputés de nos jours comme Al Pacino, Michael Madsen, Kurt Russell, Dakota Fanning, c’est une belle famille qui est réunie, ils ont fait pas mal de films pour bien connaître les ficelles du monde du cinéma et ce n’est pas l’expérience qui manquait pour animer des personnages avec réalisme dans leur propre environnement professionnel.


Malgré ça et de solides références cinématographiques intelligemment bien placées, j’ai compté un nombre effarant d’idioties que le réalisateur pouvait certainement ignorer comme la petite fille qui a la maturité d’un adulte et qui se permet de filer des leçons à Leonardo, la représentation honteuse d’un Bruce Lee prétentieux (sa fille a déclaré ne pas avoir reconnu son propre père dans le film pendant une interview) ou carrément l’attaque finale insignifiante des Hippies dans la maison d’une star, tous ces éléments m'ont paru bien bâclés ou inutiles à mes yeux, je m'attendais à voir un vrai environnement de cinéma et non pas ce qui se passe à l'extérieur des studios. En plus, je trouve navrant que le réalisateur doive se justifier de son plaisir de la violence extrême dans une scène carabinée, c’est à croire que c’est maintenant sa signature, sa marque de fabrique et qu’il ne peut plus s’en passer. Il est vrai que la scène mouvementée finale est bien tournée mais a-t-elle son utilité ? Je ne pense pas.


C’est fort dommage, il avait du potentiel à développer, je dirai que la moitié du film est remplie de choses plaisantes et l’autre moitié par des scènes dont on aimerait bien connaître la signification. Encore une fois, je trouve que le réalisateur est allé beaucoup trop loin dans son sujet, j’ignore ce qu’il avait dans la tête pour procéder ainsi mais il devrait changer un peu sa vision des choses, sa manière de raconter des histoires peut être intelligente mais également pas très pertinente en ajoutant des scènes alourdissant bêtement l'atmosphère d'un long-métrage fort prometteur. Je sors du visionnage avec un avis plus ou moins mitigé, exactement le même après mon visionnage de la production Ave, César ! des frères Coen. 6/10




  • On peut faire quelque chose pour la chaleur ?

  • Bah...C’est un lance-flamme !


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le 9 févr. 2020

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LeTigre

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