Je ne savais franchement pas quoi attendre du dernier essai de Jim Jarmusch, "Only lovers left alive", tant les avis semblaient faire le grand écart entre branlette bobo et sublime poème évanescent. Mon avis après visionnage du bouzin se situerait finalement quelque part entre les deux.

Relecture rock'n'roll autour du mythe du vampire, "Only lovers left alive" demandera beaucoup d'effort à son audience, tant il instaure une ambiance languissante tout du long, apte à endormir un étudiant en psycho qui n'aurait pas eu sa dose de caféine. La faute principalement à une absence de véritable intrigue, le scénario, bourré d'idées intéressantes mais trop peu développées, se contentant de montrer deux êtres androgynes philosopher sur le passé, sur les génies perdus et à écouter des vinyles pendant deux heures.

Oui mais voilà; ces deux amants perdus sont interprétés par Tilda Swinton et Tom Hiddleston et cela fait toute la différence, le couple bouffant littéralement la caméra à chacune de leurs apparitions (autant dire tout le temps), composant des personnages infiniment touchants. Autour d'eux, gravitent des seconds rôles sympathiques mais pas assez exploités pour retenir définitivement l'attention.

Ensuite, la caméra planante de Jarmusch parvient par instants fugaces à palier la manque d'écriture en créant une atmosphère évanescente et réellement planante, au détour d'une poignée de plans à l'étrange beauté mortifère et d'une bande originale incontournable. Ce qui procure au film un certain effet hypnotique, à condition toutefois d'être dans le trip.

Bancal, abscons, parfois chiant et pouvant paraître un brin prétentieux, "Only lovers left alive" est un étrange objet aussi précieux que déroutant, un poème funèbre et crépusculaire sur le temps qui passe, tirant merveilleusement parti de la ville meurtrie de Détroit et posant un regard plein d'amour sur ses personnages et sur la musique que les fait vibrer, qui leur donne envie de rester en vie encore un petit instant, avant de rejoindre le néant.

Créée

le 25 janv. 2015

Critique lue 790 fois

25 j'aime

5 commentaires

Gand-Alf

Écrit par

Critique lue 790 fois

25
5

D'autres avis sur Only Lovers Left Alive

Only Lovers Left Alive
VesperLynd
7

Je t'aime mélancolie ♪♫

L'immortalité est une plaie. Adam ne le sait que trop bien. Ce vampire reclus (et fan de bonne musique faut pas déconner), observe depuis des siècles la lente déliquescence du monde qui l'entoure...

le 26 janv. 2015

123 j'aime

13

Only Lovers Left Alive
pierreAfeu
5

Beau, beau, beau et chiant à la fois !

Cette histoire de vampires n'est évidemment qu'un prétexte. C'est l'immensité du temps qui intéresse Jarmusch, la musique, l'amour peut-être. En vrai romantique resté bloqué au XIXe siècle, cultivant...

le 23 févr. 2014

101 j'aime

9

Only Lovers Left Alive
guyness
6

Vampire des sens

Entrer dans un film de Jarmusch en contemplant tour à tour une Supro, une Hagstrom, une Silvertone (ampli dans le flycase !), une Gretsch modèle Chet Atkins et une vieille Gibson’'she' de 1905,...

le 4 mars 2014

83 j'aime

26

Du même critique

Gravity
Gand-Alf
9

Enter the void.

On ne va pas se mentir, "Gravity" n'est en aucun cas la petite révolution vendue par des pseudo-journalistes en quête désespérée de succès populaire et ne cherche de toute façon à aucun moment à...

le 27 oct. 2013

268 j'aime

36

Interstellar
Gand-Alf
9

Demande à la poussière.

Les comparaisons systématiques avec "2001" dès qu'un film se déroule dans l'espace ayant tendance à me pomper l'ozone, je ne citerais à aucun moment l'oeuvre intouchable de Stanley Kubrick, la...

le 16 nov. 2014

250 j'aime

14

Mad Max - Fury Road
Gand-Alf
10

De bruit et de fureur.

Il y a maintenant trente six ans, George Miller apportait un sacré vent de fraîcheur au sein de la série B avec une production aussi modeste que fracassante. Peu après, adoubé par Hollywood, le...

le 17 mai 2015

208 j'aime

20