Open Water déconstruit la tension instaurée par Jaws, depuis sans cesse recopiée mais jamais égalée, opte pour un style apparemment amateur à l’effet d’ultra-réalisme saisissant. On plonge avec notre couple principal pour vivre en sa compagnie les joies, les terreurs et les déchirements d’un flottement parmi des eaux troubles et inamicales, subtile métaphore de la vie conjugale au terme de laquelle triomphent le crépuscule et ses monstres sans pour autant remporter la bataille de l’amour. Car le sentiment redonne espoir, permet une longévité de courte durée mais propice au partage. La mer se mue en étendue cathartique et assaille ses protagonistes de coups existentiels rappelant le déclin physique du corps et de la santé : les maux de ventre et nausées bientôt cesseront, les articulations feront souffrir, paralysie et disparition finale. Le requin, métaphore du temps et de ses morsures. À la fois réaliste et poétique, terrifiant et drôle, Open Water offre une nouvelle conception de la peur qui brille par sa retenue, surprend par son intelligence, déconcerte par son aspect documentaire gage d’une immersion tranchante. Une œuvre éprouvante de très grande qualité.