Un drame quelconque à la construction originale mais inutilement alambiquée qui ne touche que par br

Ce qui fait sortir « Orpheline » du sérail plus que balisé du film d’auteur français, c’est finalement sa construction volontairement alambiquée et le fait d’avoir choisi quatre actrices pour incarner la même personne à quatre âges différents de sa vie. Mais aussi en décidant de lui donner un nouveau prénom à chaque fois. Un montage à l’envers décidément à la mode en ce moment après « Brimstone » la semaine dernière et directement inspiré de « Memento ». Mais la question qui nous vient en premier lieu à l’esprit est le but de cet artifice, tant il semble gratuit et vain, si ce n’est d’ajouter un peu de mystère et de suspense à un scénario banal.


Ce kaléidoscope formel parvient néanmoins à ne pas nous perdre si l’on entre dans la salle en sachant de quoi il en retourne. Sinon cela pourra sembler quelque peu abscons et perturbant durant une bonne partie de la projection. On se demande même ce qu’à bien voulu nous dire Arnaud des Pallières avec ce(s) portrait(s) à rebours d’une femme à qui la vie n’a pas donné beaucoup de chance et de bonheur. A tel point qu’on en vient à se questionner si « Orpheline » est féministe ou misogyne. Son beau casting fait la part belle à ses actrices, brillamment dirigées, et laisse les hommes de côté en dépit d’acteurs de renom tels que Jalil Lespert, Sergi Lopez ou Nicolas Duvauchelle, réduits volontairement à des ombres tutélaires ou autoritaires.


Durant près de deux heures, on suit sans ennui cet exercice de style appliqué mêlé à un drame social et humain âpre. A nous de combler les trous de l’intrigue laissés en pointillés entre les différentes parties du film et de reconstituer les pièces d’un puzzle moyennement ludique. Mais on se rend vite compte que dans l’ensemble ces choix narratifs masquent comme peau de chagrin une trajectoire humaine terriblement quelconque et prompte à se vautrer dans un certain misérabilisme et déterminisme social. On retiendra davantage la partie avec la jeune Solène Rigot qui se charge de la phase adolescente, certainement la plus cruelle. Un long-métrage non dénué de qualités mais dont les atours psychologiques et formels volontairement abstraits virent à la prétention auteuriste.

JorikVesperhaven
5

Créée

le 4 avr. 2017

Critique lue 857 fois

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Rémy Fiers

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