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Selon Schopenauer, "la vie oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui". Oslo, 31 août est probablement l'illustration de cette théorie philosophique.
Anders, jeune toxicomane, sort de cure de desintox' pour aller à un entretien d'embauche. Sur son chemin, il décide de revoir des amis de son passé et sa famille. Durant une journée, le spectateur assiste à un condensé de l'existence d'Anders, une dose forte et intense de vie... Et de mélancolie. Comme le héros, le spectateur passe par toutes les émotions, sans que la tristesse ne le quitte. L'histoire d'Anders est, somme toute, banale : intelligent mais dépressif, le jeune homme trompe l'ennui avec toutes les substances addictives possibles... Puis il sombre et perd tout : famille, ex, potes, boulot. La reconstruction qu'il a entamée ne semble pas porter ses fruits et ses journées passées dans l'institut transpirent l'ennui et la souffrance, justement. Pourtant, ce n'est pas dehors qu'il trouvera son salut. Alors qu'il entame un voyage initiatique express à travers les rues d'Oslo, chacun de ses problèmes refait surface... Il devait d'ailleurs le savoir ; le film s'ouvre sur sa tentative de suicide. Pourtant, malgré cet essai vain, il décide de retourner sur les lieux de son passé et de prendre un dernier shoot de vie, durant 24H.
Le film est très touchant car la vie d'Anders pourrait être celle de n'importe lequel de tes potes qui abuse un peu trop en soirée, ou de n'importe quelle personne dépressive qui ne trouve pas sa place dans une existence qu'elle trouve absurde. Anders ne supporte pas l'idée de finir avec un Scenic, une femme, un chien, un crédit et deux gosses comme certains de ses amis. Non ! Il lui faut de l'adrénaline, du puissant, du sensé, de l'extrême... ce que lui ont longtemps apporté les drogues. Mais il sait qu'il y perdrait tout. Face à cette équation impossible à résoudre, que faire ? La solution se trouve dans les premiers et dans les derniers instants du film.
La fin d'Oslo, 31 août est une fin ouverte et le dénouement nous propose deux pistes de réflexion.


Anders rentre chez lui à la fin de son périple et se pique à l'héroïne. Dans un râle de plaisir, il s'allonge dans son appartement jonché des restes des photos de son passé... et, sans même prendre le temps d'enlever la seringue de son bras, il s'allonge, détendu, enfin. A-t-il craqué pour suivre ses addictions ? Ou, a-t-il, comme il l'avait dit à son ami de longue date, mis en scène une overdose ? Libre au spectateur d'y voir son interprétation. Pour ma part, j'opte pour la seconde lecture. Anders a fait sa tournée d'adieu, il a vu sa famille, a tenté de recontacter son ex, vu ses amis, foutu en l'air ses possibilités de carrière, rencontré une jolie fille, flirté en boite de nuit, bu des litres d'alcool, réglé ses comptes avec ceux qui l'ont blessé... La boucle est bouclée, il peut partir en paix et calmer sa douleur ! Plusieurs moments dans le film préparent le spectateur à cette éventualité et, même si on espère jusqu'au dernier moment qu'il trouvera une raison de rester, Anders sait très bien quelle sera sa fin.


Le film est, vous l'aurez deviné, extrêmement mélancolique et poétique. L'écriture, le montage et la photographie servent à merveille cette émotion, ce qui, je pense, en fait une réussite formelle. Puis, mon petit coeur ne peut s'empêcher de ressentir beaucoup de tendresse pour Anders. Sa vie finit par nous peser et nous importer comme si c'était la nôtre, ou celle d'un proche. La complexité et la banalité de ses relations sont si bien dépeintes, que l'on se sent forcément en phase avec ce jeune homme perdu, mais réaliste.
A voir donc, mais pas un jour de pluie et/ou malade et/ou après s'être fait larguer et/ou après un samedi soir arrosé !


Film proposé par @Matyyy visionné dans le cadre des échanges d'oeuvres organisé par @MoonLucide pour le mois de Juin 2018

Maeva-Wallace
7
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le 10 juin 2018

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Maeva-Wallace

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