Label provoc
Pour les amateurs de l’agent le plus beauf de France, le retour aux affaires ne pouvait que réjouir, et il n’y avait pas trop à craindre de voir Nicolas Bedos prendre le relai de Michel Hazanivicius...
le 4 août 2021
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Ce OSS117 se veut un nouveau pastiche, parodie plutôt, de l'agent secret Hubert Bonisseur de la Bath, enfin quelque chose qui se veut humoristique. Il a donc vocation à s'inscrire dans une lignée dont OSS117, Le Caire, nid d'espions a donné le coup d'envoi et il est fait pour nous faire sourire et même rire à condition toutefois d'être regardé et lu au second degré. Comme je suis bon public aux dires de certaines et plutôt du genre beau joueur selon d'autres, je me suis confortablement enfoncé dans mon fauteuil et me suis mis en mode second degré.
Ce mode et ce regard ne coulent jamais de source d'emblée, je n'ai pas vraiment ri, tout au plus ai-je ébauché un sourire entendu, par moment du moins. Le mode décalé ne dispense pas de nuancer le propos pour nous amener à ce qui nous est souvent décrit comme le propre de l'homme. Parfois, alors que j'étais à deux doigts de sourire pour de bon, un rire gras quelques rangs devant moi tuait dans l'oeuf ce que j'avais commencé à esquisser. A d'autres moments un rire un peu plus aigu, un peu hystérique même, me désarçonnait carrément et je ne vous parle pas des moments où Jean Dujardin donnait la pleine mesure de la profonde imbécilité du personnage qu'il incarnait. A la place des silences pesants ou des bruyants esclaffements j'aurais préféré ne serait-ce qu'un murmure de réprobation.
Pierre Desproges soumettait un jour à son auditoire cette redoutable question : « Peut-on rire de tout avec n'importe qui ? » Il répondit lui-même oui au premier terme de la question et non au second. Dans un de ses sketchs, il s'est lancé dans une longue diatribe au second degré sur l'attitude des juifs et les relations qu'ils entretenaient avec les nazis pendant la seconde guerre mondiale. La salle riait. Mais riait-elle vraiment innocemment et de bon cœur ? Pierre Desproges était-il bien sûr qu'il n'y avait pas quelques anti-sémites convaincus qui s'étaient glissés dans la salle et avaient joint leurs rire nauséabond à celui des rieurs qui ne doutaient pas un seul instant que l'antisémitisme et Pierre Desproges étaient aux antipodes ? Ils devaient d'autant plus y trouver leur compte que Pierre Desproges a fait durer son plaisir pendant de longues minutes. De trop longues minutes, là où quelques pointes acides auraient pu largement faire l'affaire.
Oui, on peut rire de tout et on doit même pouvoir le faire sans arrière-pensées. Non, on ne peut pas rire de tout avec n'importe qui surtout quand on ignore qui est en face de soi et qu'aucune possibilité n'est offerte pour mettre les points sur les i le cas échéant. Guy Bedos était passé maître dans l'art de la clarté dans ce domaine, allant jusqu'à feindre d'avoir détecté un ricanement de mauvais aloi dans la salle et à étriller joyeusement le supposé coupable. Qui aurait cru un seul instant qu'il y aurait une once de racisme chez le regretté Guy Bedos ? Qui croirait un seul instant que son rejeton Nicolas, réalisateur de ce OSS117, nourrirait condescendance ou mépris à l'encontre des africains montrés dans le film ? Et pourtant la réalisation de Nicolas Bedos pèche par sa trop grande légèreté qui ouvre la voie aux pires malentendus et dérives même.
La difficulté mais surtout la différence dans l'exercice du père et celui du fils résident dans le fait que le premier était dans un spectacle vivant dont il gardait de bout en bout la maîtrise et que le second en perd tout contrôle dès le montage du film achevé et celui-ci rendu public.
De bons mots, de clichés, même quelque peu tirés par les cheveux et de cocasseries, notre quotidien en regorge pour peu que nous ayons un minimum de vie sociale, que nous soyons à l'écoute et que nous ne limitions pas nos fréquentations à quelques moines-soldats pisse-froid. En faire un film, peu importe l'habillage qu'on lui donne et le prétexte dont on s'empare, c'est courir un grand risque. Une fois ce risque pris combiné à la légèreté d'une écriture bâclée parce que tout est misé sur le cabotinage de Jean Dujardin, il ne reste plus qu' à faire une intense campagne de publicité pour tenter de sauver le film.
.OSS 117, version Nicolas Bedos n'est pas un pastiche de l'OSS117 version Jean ou Josette Bruce. C'est une laborieuse parodie faite d'un fatras de gags et surtout d'une succession de
déhanchements et de ricanements stupides d'un Jean Dujardin invité à exploiter le filon jusqu'à son épuisement sans doute.
La veine était déjà largement entamée avec OSS117 : Rio ne répond plus et il est temps de mettre un terme à ce qui ressemble de plus en plus à de l'acharnement.
M6 doit détester Nicolas Bedos pour avoir programmé hier soir successivement Le Caire, nid d'espions et Rio ne répond plus. Le premier était un pastiche plutôt réussi, le second une parodie honorable et Alerte rouge en Afrique noire une sinistre caricature. Et de les revoir fait ressortir sa nullité grasse.
C'est avec passion que nous discutons de cela depuis hier soir. Le Caire... est-il un pastiche et Rio... une parodie de OSS 117 ou l'inverse ? Le premier a-t-il servi de brouillon au second ou le second est-il l'approfondissement du premier ? A l'aune des deux premiers, Alerte rouge... nous achemine vers une certitude qui est en voie de faire l'unanimité, il n'est qu'une triste caricature.
Créée
le 8 août 2021
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