Stranger OSS

J'étais un peu dubitatif en sortant, je ne savais pas trop quoi en penser... En fait, ça veut dire que j'étais déçu. Alors comme me l'ont fait remarquer mes potes, "on ne pouvait être que déçu". C'est vrai, mais je pense qu'il y avait quand moyen de mieux faire, et surtout moyen d'éviter de grosses erreurs.
Certes, on rigole régulièrement, enfin on sourit. Mais c'est tout...

• Les dialogues : Moi qui ne déteste pas Bedos et qui ait l'impression de le comprendre assez bien, j'avais beaucoup aimé "La Belle Epoque", notamment pour la force de ses dialogues... Il faut bien reconnaître que ça sonne creux dans cet OSS. Il y a bien 2-3 répliques bien senties (la plupart sont dans la bande annonce) ou inattendues (les "spécialités de nos régions" avec le kouign-aman!), mais alors que sur les précédents opus on pouvait réciter des scènes en entier, ici on se contentera d'1 ou 2 phrases sur la totalité d'un dialogue... Et le pire c'est que la plupart de ces phrases drôles sont là pour la fan-service, car souvent des références aux opus précédents ("Je suis leur prédateur") : on n'invente rien, et on s'auto-parodie : ça sent mauvais.




• Le scénario et la narration : Alerte rouge en effet ! Le scénario n'est pas extrêmement important dans les OSS, le tout étant qu'il y ait une continuité logique sans forcément que ce soit bien compliqué. Mais ici c'est bâclé. Des incohérences agaçantes : OSS commence le film par réussir une mission, mais on le met au placard / Il arrive en Afrique en tant que chef d'entreprise mais à le droit à un bain de foule avant d'aller voir le chef d'état / Le personnage de 1001 n'est pas clair. Mais je crois que ce qui m'a vraiment agacé, c'est l'absence de scène finale :

  
  

  je pensais vraiment qu'Hubert allait repartir en mission pour qu'on ait le droit à un bouquet final... Mais non. La scène finale est donc une entrevue dans le bureau du dictateur :

  
  

  quand on compare avec le Corcovado dans Rio ne répond plus, ça fait peur... Mais personne n'a remarqué ça bon dieu ? C'était bien la peine d'avoir une ouverture de film si "grandiloquente" pour finir comme ça ! Autre souci : le personnage de 1001 : il n'est en fait pas si "révolutionnaire" que ça, il incarne le contrepoids habituellement campé par des personnages féminins dans les films de Hazanavicius. Problème : les personnages féminins manquent curellement au film, et ne servent au final qu'à alimenter des histoires de cul.




• Les ratés qui font du mal à la franchise : On pourrait en rester là et se dire qu'au final, on a quand même passé un bon moment... Oui mais voilà : il y a aussi quelques ratés qui ont tendance à détruire le personnage et la franchise. Le fait qu'on présente OSS avec un côté "décati" dans les années 80 ne me dérange pas, mais ici on n'en fait ni un héros ni un anti-héros : on en fait juste un connard, et un personnage sans aucune cohérence :
  ----> L'histoire du service informatique, des blagues geek et de l'OSS qui devient programmeur : mais wtf ? On est chez Dupontel ? Ca n'apporte rien au scénario, c'est mal fait, les blagues geek ne sont réellement pas drôles et pas réalistes par rapport à l'époque.

  
  

  ----> OSS laisse crever 1001 : 1001 fait une tirade de 5 minutes, côté dialogues ils n'ont pas trouvé la bonne répartie, du coup on se contente d'avoir Dujardin qui fait une moue décatie, et paf 1001 se fait bouffer par un croco, et OSS ne fait rien ? Mais c'est un héros, bordel ! Ça a beau être le pire des beaufs, c'est un héros ! Donc il ne laisse pas crever son associé.

  
  

  C'est une pirouette scénaristique qui détruit complètement le personnage !

  
  

  ----> Dans le même genre, la scène finale avec la rebelle et le dictateur est vraiment dérangeante : OSS a beau être le pire des abrutis, il doit être du côté des "gentils". Ici le film se met lui-même dans une situation inextricable où OSS devient un salaud.

  
  

  ----> La moue de Dujardin : pas servi pas le scénario, Dujardin est toujours bon, mais je lui ai trouvé un air bizarre tout au long du film : à la place du mec sûr de lui qui sort des répliques hyper bien écrites, on a ici un mec qui continue dans sa connerie tout en sachant qu'il a tord, et qui a peu de répondant. Du coup il a l'air complètement benêt et a perdu de sa superbe. Parfois, je n'ai pas retrouvé son style de jeu, qui était si juste dans le 2ème volet. Alors oui c'est intéressant le coup de l'OSS décati, si on veut faire un film de genre ou pour un épisode d'"En Thérapie". Mais ce n'est pas drôle.




• La bande son : dans Rio ne répond plus, on a le droit a une BO cohérente qui nous immerge dans le film tout du long. Ici on a quoi ? Ok, caser "La freak, c'est chic" dans une scène c'était bien rigolo, mais à part ça...

En résumé, on a un film certes qui se laisse regarder (la première fois en tout cas). On est bien dans le style "80", quoique des fois j'ai l'impression qu'on est plus dans un côté "bonbon nostalgique" à la Stranger Things (y compris par le recyclage des vannes d'OSS) que dans un réel pastiche comme l'avait proposé Hazanavicius. Mais c'est un film qui n'apporte rien à la saga, qui base beaucoup son comique sur de la répétition plutôt que sur des dialogues bien sentis (après, ça fait son effet aussi la comique de répétition, je reconnais que dans certaines scènes, c'est souvent assez drôle, mais il y en a d'autres où c'est franchement lourd (la réceptionniste)), et surtout vient détruire certaines bases de la franchise. Ces écueils auraient pu être évités (ça faisait un moment qu'Halin avait pondu le scénario, ils ne pouvaient pas retravailler les points faibles, sérieusement ?), d'où la note un peu sévère mais juste à mon sens. Ce serait vraiment bien qu'il y ait un 4ème film, avec un scénario qui plaise à Hazanavicus... Histoire de ne pas terminer comme ça.