Dans notre époque de début des années 2020 qui voient les peuples occidentaux (et notamment français) prendre pleinement conscience de leurs biais racistes, misogynes, homophobes et plus globalement de leur héritage (langagier, comportemental) colonialiste, afin de tenter de les corriger, Nicolas Bedos reprend la série des OSS 117 et y va comme un enfant à qui on aurait dit de ne surtout pas faire cette bêtise.
Puisque c'est plus que limite et interdit, Bedos se lance tête baissée et y va donc plus qu'à fond.
Son film, bien qu'écrit par Jean-François Halin, scénariste historique des deux premiers, perd donc la finesse des deux premiers films, leur ironie, leur humour touchy, pour accumuler les pires clichés (tout ce qu'on peut dire et faire sur les noirs, les homosexuels et les femmes est dit et fait) et perd l'aspect hommage sous forme de pastiche, objet référencé et purement cinéphile, qu'avait réussi à créer Michel Hazanavicius.
OSS 117 3 est donc plus une parodie, réutilisant tous les gimmicks des films d'action des années 80, qu'un vrai hommage, et perd donc l'étrange beauté artistique qu'avaient les deux premiers. Néanmoins on remerciera Bedos de n'avoir pas sombré dans les tendances réac' et passéistes qu'on lui connaît, lui qui hait tant le "politiquement correct".
Certes son film est trop long, ses blagues répétitives et parfois too much.
Jean Dujardin semble moins à l'aise, la faute à ce qu'on a fait de son personnage, plus le héros beauf mais classe, con mais aux éclairs de génie qui le sortaient toujours d'affaire ; Hubert Bonisseur de la Bath est à présent un homme largué, vieilli, plus encore dépassé qu'il ne l'était pas les enjeux géopolitiques dans lesquels il est pourtant plongé. Hubert n'est plus que con, aigri, presque méchant dans la façon qu'il a de n'évoquer que le bon vieux temps des colonies et le passé qui l'a vu être le meilleur espion français.
OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire est donc un film moins léger et fin que ne l'étaient les deux premiers, plus rentre-dedans et provocateur, plus piquant parce que border, moins aimable que ne l'étaient les précédents opus de cette série culte, et peut-être sorti trop tard, ou dans tous les cas au mauvais moment.
Néanmoins, bien que non nécessaire, cette suite est de bonne facture (on reconnaîtra à travers la pellicule l'amour qu'a Bedos pour le cinéma populaire avec lequel il a grandi), et s'il ne fait que rarement exploser de rire, il est très souvent drôle dans le malaise qu'il crée et donc, globalement, plutôt réussi.

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le 26 août 2021

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Charles Dubois

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