Le Sacrifice

Difficile de s'y retrouver dans ce film vraiment très particulier, aux influences multiples, à l'ambiance aussi prenante qu'imparfaite, plongeant de manière très directe dans un univers de science-fiction parfaitement soviétique où un scientifique met au point une machine / une technique pour cloner des êtres vivants. Ni une ni deux, pour se simplifier les questions d'éthique probablement, il la teste sur lui-même et voilà qu'il accouche d'un double — pas exactement une copie parfaite, étant donné le caractère égoïste de la création.

L'immersion dans cet univers est proprement suffocante, on est souvent plongé dans une atmosphère sépia brumeuse sous influence du style de Tarkovski, un mélange de lenteur et d'agonie qui colle à la peau — sans doute que la catastrophe nucléaire de Tchernobyl était encore bien ancrée dans le quotidien des scénaristes et de Valeri Rubinchik. Force est de constater, toutefois, que la brume rejoint également l'histoire qui n'est pas toujours très claire, sur fond de gouvernement qui souhaite accaparer cette invention à des fins militaires obscures.

On imagine la parabole politique qui sous-tend l'expérience scientifique, dans ce carcan graphique rappelant l'univers des films de Piotr Szulkin : j'ai beaucoup pensé à "O-bi, O-ba – La fin de la civilisation". L'architecture constructiviste est omniprésente, contribuant à l'atmosphère oppressante même si on peut regretter un côté amateur / théâtral dans la mise en scène et notamment dans la direction d'acteur. La confusion qui règne fait penser à des films comme "Element of Crime" de von Trier sorti 3 ans auparavant, en moins cohérent peut-être ici. En revanche je n'ai pas tout à fait saisi l'intérêt du personnage du photographe / journaliste.