Ozone
Ozone

Film de J.R. Bookwalter (1995)

Non, il ne s’agit pas du film de Matt Devlen traitant des effets indésirables du réchauffement climatique sur une horde de ploucs mutants cannibales et encore moins du boys band roumain dont les pisseuses de 12 ans entonnaient les refrains dans les années 2000. Ozone c’est le nom d’une drogue dure qui fait fureur dans les bas quartiers d’une petite ville et que le flic Eddie Boone se voit malencontreusement injecté lors d’une descente chez le producteur local. Le problème c’est que cette substance occasionne plus de dégâts que la xylazine et peut littéralement faire sauter le crâne de son utilisateur en cas de surdosage ou bien provoquer des crises d’éléphantiasis. Le personnage sera alors victime d’hallucinations qui vont transformer sa perception de la réalité tandis qu’il cherchera à retrouver la trace de son coéquipier dans un squatte envahie de junkie amorphe vénérant un abominable mutant, fruit d’une union abjecte entre une goule et l’extra-terrestre de Bad Taste ou bien plutôt à force de s’être farci les veines avec sa propre marchandise. La consommation d’ozone a cette particularité de transformer son utilisateur en zombie au comportement irascible et violent, avec des manifestations physique tel que des grosses pustules purulentes qui éclate en surface comme du chewing-gum donnant au sujet une sale gueule de lépreux. Eddie Boone peut-il stopper l’invasion des camés et botter le gros cul décharné du Drug Lord avant de se transformer lui-même en vieille croûte ratatinée ?


J.R. Bookwalter délaisse quelque peu le second degrés de ses premiers essais pour s’engager dans un univers beaucoup plus sombre et nihiliste mais toujours avec cette naïveté infantile pleine de clichés du genre qui prête forcément à sourire. Eddie se retrouve comme prisonnier d’un univers onirique où il voit sa mine se décomposer au fur et à mesure de sa descente aux enfers qui le verra s’opposer à des hordes de junkie dégénérés, des punks écorchés vifs, ou bien un colosse dans un dôme du tonnerre (ou plutôt une arène improvisée avec des grillages de poulailler), quant il ne s’abandonne pas dans une étreinte amoureuse avec une droguée où les chaires se mettent à fusionner pour former une monstruosité organique. Ozone n’en reste pas moins un thriller névrotique sous influence Cronenbergienne et propose des transmutations visuellement assez convaincante grâce aux soins apporté aux effets spéciaux. Tout comme Robot Ninja, l’esthétique du film semble tout droit hérité des années 80, baigné de projecteurs de couleurs vert, rouge et violet ce qui permet de renforcer l'atmosphère malsaine et mortifère. Le score envoûtant évoque par ailleurs la partition électro de Cliff Martinez pour The Neon Demon. Certaines séquences sont assez cauchemardesque comme la naissance d'un foetus difforme et impie, ou bien cette introduction dans un couloir envahi de zombie.

Ozone est du propre aveu de son réalisateur le premier film dont-il fût véritablement fier, et il y a de quoi. Qu’il soit parvenu à un tel résultat avec à peine 3500 $ de budget permet de redonner espoir aux amateurs qui seraient encore trop réticent à se lancer dans un projet sérieux. Evidemment à ce tarif là, inutile de dire que les acteurs et techniciens n’ont jamais été payés et ne travaillait que pour la passion du cinéma, qui est avant tout celle de J.R. Bookwalter, honnête artisan et faiseur compétent qui est parvenu à créer une véritable synergie autour de ce long-métrage grâce à une débauche de système D qui prête à rêver si bien qu’il sera même parvenu à s’épanouir en marge du système hollywoodien dans sa petite ville de l’Illinois, imposant sa société Suburban Temple Company sur le marché de la vidéo. Cette oeuvre fût donc après l’excellent Robot Ninja, sa plus ambitieuse et elle permettra également à son principal interprète James Black de se faire enfin remarquer et d’obtenir son ticket d'entrée pour Hollywood où on le verra en second couteaux récurrents sur une poignée de grosses productions (Universal Soldier Le Combat absolu, Godzilla) et de série TV (Les Experts, Anger Management, Family Business). Alors certes oui, les acteurs secondaires sont mauvais, les environnements sont assez austère, certains trucages sont déjà plus cheap et souffrent de leur pauvreté apparente, tandis que la mise en scène manque souvent d’inventivité même si la caméra s'autorise parfois quelques cadrages décalé du plus bel effet, mais tout cela participe également au charme suranné de ce petit film amateur fauché qui cherche à s’inviter dans la cour des grands et possède ce petit supplément d’âme qui n’a rien à envier à des série B plus huppées, même si on ne peut pas s’empêcher d’imaginer ce que le cinéaste aurait pu faire avec un budget plus décent.

Le-Roy-du-Bis
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le 22 févr. 2024

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