« Toujours plus », la devise parfaite pour une franchise qui ne veut pas changer une recette qui fonctionne à souhait. L’excès est d’ailleurs l’ingrédient dominant dans ce colisée que l’on appelle Terre. Le carnage qui en découle n’est autre que le reflet évident de l’œuvre de Del Toro. Steven S. DeKnight propose ainsi sa continuité, vulgaire prolongement d’un conflit qui n’avait pas forcément besoin d’être revisité. Certaines fois, les risques sont source d’inspiration et d’innovation. Nous tenions quelque chose d’intéressant jusqu’à ce que le réalisateur mexicain s’écarte du projet, afin de laisser un parfait yes man aux commandes d’une machine à sous infernale.
La chimère, née de « Neon Genesis Evangelion », se suffisait déjà à elle-même, mais il y avait bien plus à exploiter et à standardiser. Les producteurs surfent ainsi sur une démarche commerciale avant de parler de ce qui a fait le succès du premier volet. Là où Del Toro a pris le temps de mettre en avant ses Jeagers, afin de leur donner un charisme pesant. On le ressentait à chaque intervention, avec des plans qui n’hésitaient pas à jouer sur la contre-plongée et dans la pénombre. Ici, on se place immédiatement à la hauteur des véhicules qui sont aussi banalisés que leurs pilotes. Jake Pentecost (John Boyega) n’est d’ailleurs présent que pour confirmer une continuité avec le premier volet. Sans qu’il puisse réellement insuffler des valeurs crédibles, ce ne sera pourtant pas avec Nate Lambert (Scott Eastwood) que l’on rattrapera le manque de profondeur. Sans dramaturgie, le film s’engouffre dans une mise en scène brouillonne, voire aléatoire.
Il n’y a plus de place pour la créativité et c’est l’immaturité qui reprend le dessus. Les jeunes protagonistes apportent un sentiment de fraîcheur, s’est-on dit sur le papier. Mais les faits, c’est autre chose et ces derniers se raccorde mal avec l’humour. Ironiquement, ce sont les passages dramatiques qui portent à confusion, jusqu’à en sourire bêtement. Il y a donc un sérieux déséquilibre dans cette œuvre, qui se laisse emporter par la facilité. Certaines prises de risques ont néanmoins soulevé quelques instants de suspense, mais rien de plus. La surface est à peine effleurée pour un effet qui ne vaille pas le coup. Sans émotions, sans direction artistique convaincante, il est peu probable que cette dernière escapade fasse mouche dans les yeux d’un cinéphile ou un simple fan de cet univers, pourtant riche en possibilités.
C’est avec regret que nous découvrons un « Pacific Rim : Uprising » qui ne satisfait guère la feuille de marche. Bruyants et dotés d’un alliage effet plastique, les Jeagers ne redressent pas la pente et en profitent même pour perdre en crédibilité. L’action est banalisée, il reste donc peu de place à une intrigue qui enchaîne les affrontements sans profondeur. On sent bien que le schéma est anticipé pour une suite qui interroge et qui recycle bien d’autres œuvres du même genre. On pense immédiatement à « Independence Day : Resurgence » comme exemple récent, où les promesses ne sont pas palpables, il n’y a que du superficiel pour nourrir notre visite de courtoisie.