Mars 2010:

Foutre, que cela faisait longtemps que je n'avais pas vu un Moretti! Combien, 5, 6 ou 7 ans sans doute? Malheureusement, les retrouvailles ne sont pas si festives. Je suis resté à quai avec ce film qui m'a paru compliqué, voire abscons. A de nombreuses reprises, je n'ai pas compris à qui, à quoi faisait allusion Moretti.

Placé entre deux accidents de voiture dont le sens m'échappe également j'ai cru comprendre que le personnage amnésique interroge sa mémoire défaillante en même temps que son identité politique, l'idéal communiste comme le parti italien, l'avenir, la restructuration idéologique etc. Ne connaissant pas très bien, pour ne pas dire "pas du tout", l'histoire politique récente de la gauche italienne, j'ai eu bien des difficultés à déceler et comprendre à qui Moretti faisait référence dans cette introspection d'1h30. D'autant plus que la structure pas du tout linéaire, complexe, ne facilite pas la tâche.

Certes, le procédé amène des ruptures de ton plutôt drôles, émouvantes. Heureusement d'ailleurs, des bouffées d'oxygène dans un discours, une réflexion que les efforts à entendre m'ont passablement éreinté. Peut-être que le monde du water-polo que je ne connais pas non plus accentue le trouble dans lequel je baignais constamment pendant le visionnage.

Il arrive que je ne comprenne pas toujours les films que je vois et dans ces circonstances, j'arrive néanmoins à percevoir la richesse des thématiques ou des réflexions qui m'échappe. Or, en l'occurrence, je situe très mal en quoi ce que je rate dans ce Palombella rossa est d'une portée tellement plus grande que ce que mon appréhension me permet de toucher du doigt. Voilà pour une fois une incompréhension qui ne me rend pas humble. Lassitude?

L'interprétation n'est pas extraordinaire mais Moretti, à l'intérieur du cadre habituel qu'il s'octroie, toujours un peu le même personnage en colère, idéaliste, en recherche, vivant en un mot, s'offre quelques beaux moments de jeu, dans l'émotion et le sourire.
A noter que la très jeune adolescente Asia Argento apparait deux ou trois fois. Le film daté de 1989 la montre avec de petites chaussures de sport de l'époque. Son accoutrement, son air un peu boudeur à un moment m'ont fait songer à "L'effrontée" de Claude Miller. Il y avait quelque chose de `Charlotte Gainsbourg dans son allure.
Alligator
5
Écrit par

Créée

le 6 avr. 2013

Critique lue 792 fois

9 j'aime

1 commentaire

Alligator

Écrit par

Critique lue 792 fois

9
1

D'autres avis sur Palombella rossa

Palombella rossa
Alexcovo
10

Une tête contre le monde

Ses films ne sont pas faciles. Ils sont les fragments livrés d’une conscience intranquille, et c’est à nous de recomposer un continuum, en faisant la part du « réel » et du...

le 30 avr. 2020

7 j'aime

2

Palombella rossa
cR4p0
3

Palombella Rosa, ou comment la colombe a chu en plein vol

Que la critique est ardue quand il s'agit de parler de Nanni Moretti. Tout d'abord, il y a les fans inconditionnels du film "dialogue", les amateurs de la déroute, de tout ce qui ne se comprend pas...

le 14 juin 2012

5 j'aime

Palombella rossa
EricDebarnot
8

Buuuuut !

Moretti continue à clamer et sa fougueuse différence et son engagement politique dans cette petite merveille qu'est "Palombella Rossa", soit le filmage d'un match réel de water polo entrecoupé de...

le 22 janv. 2017

4 j'aime

Du même critique

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16

Sharp Objects
Alligator
9

Critique de Sharp Objects par Alligator

En règle générale, les œuvres se nourrissant ou bâtissant toute leur démonstration sur le pathos, l’enlisement, la plainte gémissante des protagonistes me les brisent menues. Il faut un sacré talent...

le 4 sept. 2018

50 j'aime