Comme le vin, Soderberg se bonifie avec le temps. Paranoïa, comme son précédent Logan Lucky, s'amuse à utiliser le cinéma "de genre" pour proposer un brulot jouissif qui exhibe l'horreur d'une société qui aliéne les individus, enfermés et sans cesse traqués, transformés en prédateurs.
Ce qui fait que le film marche si bien, c'est que tous les degrés de lecture fonctionnent parfaitement : le thriller est implacable, terrifiant et très bien réalisé (une parenté avec Mr Robot ? On sait que Steven aime les séries), la parabole politique maline, noirement drôle et sans concessions (tous les personnages sont détestables à leur manière) et le résumé de l'actualité #MeToo efficace.
Avec son micro budget et tourné avec 2 iPhone 7 en 10 jours, Paranoïa est, comme le disent les américains, un véritable tour de force.