''The Grissom gang'' – 1971 de Robert Aldrich est l'adaptation d'un roman noir filmé en couleur. Cet enlèvement de Miss Blandish, tiré du roman de Chase – 1939 – fait penser furieusement à ''Sanctuary'' de Faulkner – 1931 – pour la situation et les personnages ; Barbara Blandish est le pendant de Temple Drake, et Slim Grissom celui de Popeye/Trigger.
Le métrage qu'en tire Alfrich n'est pas à la hauteur de celui que Stephen Roberts a tiré de ''Sanctuary'' en 1933. Et puis Aldrich rajoute une dose de grotesque en dépeignant le gang Grissom à la manière burlesque de la famille Fleagle dans ''Murder, he says'' – 1945 – de George Marshall.
D'un point de vue cinématographique, l'opus n'est pas d'une qualité remarquable, Aldrich se contente de raconter l'histoire, sans recherche formelle ni innovation dans le langage – la couleur affadit même le récit –, et sans reculer devant quelques facilités narratives, telle la transformation improbable de la famille de rednecks tarés de l'Amérique profonde en tenanciers de club.
Si l'on parvient à suivre ce trop long métrage, c'est grâce au personnage de Slim au comportement redoutablement imprévisible, et à son interprétation par Scott Wilson en ''innocent'' teigneux aimant les cookies et les couteaux, dont le regard limpide résume toute l'ambiguïté du caractère.
Sinon, du vu et revu déjà au moment de sa sortie.
Nota : l'adaptation de 1948 ''No orchids for Miss Blandish'' par St. John Legh Clowes n'est guère meilleure, mais cette fois pour le fond plus que pour la forme : le récit édulcore l'enlèvement sordide en idylle contrariée, voire en bluette, Slim perdant tout aspect psychopathe ; le choix de Jack La Rue était pourtant un bon début, lui qui interprétait Trigger dans ''The story of temple Drake'', quinze ans plus tôt. Le film n'en fit pas moins scandale à sa sortie en Angleterre, peut être davantage pour la transgression de classe qu'il met en scène – si peu crédible qu'elle soit – que pour le spectacle de la violence