Dès le premier plan, les cinéphiles jubilent. Gros plan sur une sacoche jaune sous le bras d’une femme qui marche de dos sur un quai de gare. La caméra la suit et s’arrête pour laisser aller le personnage et transformer l’image en plan éloigné. Du Hitchcock tout craché qui promet deux heures de bonheur. Un thriller psychologique mettant en scène une kleptomane, qui ment comme elle marche, et un richissime éditeur passionné par le comportement des espèces dont celui des prédateurs. Marnie Edgar vole ses employeurs pour voir au bien-être de sa mère qui en retour lui offre sa froideur. Attiré et intrigué par cette femme mystérieuse, Mark Rutland l’embauche même s’il la suspecte d’être celle qui a volé son conseiller fiscal. Et puis il la force à l’épouser sous la menace de la dénoncer. Son envie de la sauter se transforme peu à peu en envie de la sauver de ses phobies qui trouvent leur origine dans un épisode d’enfance alors que Marnie assassine à coups de tisonnier un client de sa mère prostituée. Un scénario bâtit sans entourloupettes qu’on suit avec intérêt. Les séquences entourant les vols de coffres-forts sont filmées de manière cartoonesque confirmant la signature de l’auteur. La distribution est judicieuse. Le fait d’offrir à James Bond le rôle du brillant prédateur enrichi le caractère ludique du film. Récidiver avec Tipi Hedren après sa fracassante présence dans Les oiseaux était tout aussi gagnant. Les deux se livrent un duel d’acteurs à la fois loufoque et crédible. Au final, le gros plan de la sacoche jaune a tenu sa promesse.

Elg
8
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le 11 oct. 2023

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Elg

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