--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au vingt-cinquième épisode de la sixième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :

https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163

Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :

https://www.senscritique.com/liste/The_Invisibles/2413896

Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---

Et donc, Disney est (encore) de retour. Je ne m'y fais pas. J'ai eu beau multiplier les "serial monsters" au fil des éditions précédentes (la Hammer, Universal, mais pas que), jamais je n'aurais pu penser que le studio aux milles princesses aurait pu en être un. Et si cette troisième fois était la bonne ? Car il faut dire que, bien que récurent, Disney n'a pour l'instant pas réussi à me séduire avec tous ses machins invisibles : même si Peter et Elliott le dragon était tout à fait mignon, je ne comprends pas vraiment pourquoi (si ce n'est pour éviter des effets spéciaux laborieux pour des scènes qui dramatiquement n'en avaient pas nécessairement besoin) on a doté la bestiole, en plus de toutes ses tares, d'un don d'invisibilité. Et je ne reviendrai par sur le douloureux Ma Soeur est Invisible, rien que d'y penser ça m'épuise. Bref, ce n'était pas avec un enthousiasme débordant, ni avec des attentes démesurées que j'entamais le visionnage de ce soir. Pas vu, pas pris, advienne que pourra.

Eh bien encore une fois, c'est au moment ou je n'attends plus rien qu'on me surprend. Comme un Universal Monster et son faux départ sur l'homme invisible, comme un Hammer et son retour tardif sur la série des Frankenstein, comme un Carpenter touché par la grâce alors qu'on l'avait déjà enterré, comme un Twilight... non je rigole. Bref, ça y est, Disney et l'homme invisible, c'est bien. On ne va pas non plus aller crier au génie, sur un film qui franchit poussivement la barre des cinq, mais relevons tout de même ce film enthousiasmant, parfois drôle, parfois entraînant, parfois espiègle ou lumineux. Relevons aussi un (je crois) nouveau genre dans mes cycles de mois-monstre : le teen-movie. je pensais avoir fait le tour, du documentaire (même parfois animalier !) à la fantasy, en passant par le biopic historique et le mockumentaire, de l'horrifique à la comédie, du drame social à la science-fiction, j'ai même donné dans le thriller et dans le film érotique, mais voila, pour m'émerveiller toujours plus, le film de monstre ne cesse jamais de me surprendre et de se ré-inventer dans les coins du cinéma où on l'attends le moins.

A défaut d'être un classique du genre, Pas vu, pas pris joue les élèves modèles, cochant studieusement toutes les cases : l'intrigue tourne autour d'une lycée, où une bande de jeune trublions affronte un méchant directeur, qui lui même affronte un encore plus méchant méchant. Il y a le gentil professeur, le premier de la classe relou mais inoffensif, une fille, qui n'a pas d'autre fonction que celle de représenter le deuxième sexe, et évidemment des voitures que nos voyous aiment à donner à voir. Pour maintenir attentif son auditoire ingrat, le film galope à toute vitesse, et est parsemé de blagues... Pas toujours très drôles, la quantité primant sur la qualité. Le tout baigne dans une lumière californienne de fin d'année scolaire, qui sent bon déjà la colonie de vacances, et s'accompagne d'un thème musical punchy mais atrocement redondant, permetant de confirmer au spectateur distrait que non, il n'a toujours pas zappé, et oui, il regarde toujours le même film depuis presque une heure et demi.

Bien sûr, comme le film est convaincu de s'adresser soit 1) à des adolescents un peu bêtas, soit 2) à des parents un peu aliénés, il ne s'encombre pas vraiment de subtilité, et ne cherche pas à justifier les incohérences et imprécisions dont il est ponctué (un spray magique qui rend invisible sérieusement les gars ? Réflechissez deux minutes, je vous promet que vous aller trouver tout seul pourquoi ça marche pas). Encore une fois, le film est touché de la maladie du "oups on sait pas comment ça marche", apparemment très contagieuse. Ici au moins, le réalisateur a au moins l’honnêteté d'enrober ça de bon goût : non seulement ce manque de connaissance quant au procédé est à la fois le moteur du film, son point de départ, et le ressort d'un bon gag (celui de l'eau, qui lui même sera ensuite responsable de bon nombre d'incohérences : L'eau c'est joli, mais quand tu mouilles ton mogwaï, il doit TOUJOURS se transformer en gremlin, et pas seulement quant ça arrange le scénariste) ; mais en plus la scène se targue d'une jolie, bien que totalement gratuite, référence à Frankenstein. Ça sort de nul part, mais ça satisfait mon appétit snob de monomaniaque du film de monstre.

C'est en fait à l'image du film et de sa position dans le cycle Homme Invisible : ça sort de nul part, mais ça me satisfait. Le film en soi est loin d'être un chef-d'oeuvre, ne sort jamais des sentiers battus et ne réinvente clairement pas l'eau chaude (enfin l'homme invisible non plus), mais il réussi à faire ce qu'il cherchait modestement à faire : divertir à peu près n'importe qui pendant un peu moins d'une heure et demi. Et je l'admire pour ça, pour son enthousiasme contagieux, ses effets spéciaux un peu trop colorés, ses dialogues un peu trop théâtraux, ses scènes-clés un peu trop longues (au-secours la scène de golf !), mais sa capacité in fine à tenir à peu près la route, à avoir raconté une histoire, si ce n'est très complexe, au moins un minimum original (l'homme invisible n'est clairement pas celui qu'on ressort à toutes les sauces, en témoigne le labeur qu'il m'a fallu pour regrouper 30 films sur ce thème), avec des enjeux suffisament recherchés et surtout des personnages suffisament empathiques pour qu'on en ressorte le sourire aux lèvres. A cet instant là du cycle, à l'avant-veille d'Halloween, alors que la pression monte et que j'ai l'impression d'avoir à peu près fait le tour de la question de l'invisibilité, c'est asolument tout ce dont j'avais besoin.

Zalya
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le 2 nov. 2022

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