simpliste, amoral, incohérent et téléphoné

Spoilers : c'est une critique sur le film à lire plutôt après l'avoir vu.


Ce film est assez étrange, il se laisse regarder, est distrayant, pas soporifique, mais c'est vide de tout.


Le positif d'abord. Pour une fois j'ai trouvé Lawrence très jolie et pas surcotée dans son rôle de sex symbol, mais plein de fois j'ai suspecté qu'il y ait du gros travail de maquillage / truquage numérique en particulier au niveau du nez et des pommettes, c'est tout de même dommage pour une actrice de cet âge.
Les scènes sont lisibles, c'est bien cadré, les décors jolis sans être transcendants, laissant surtout une grosse impression de déjà vu, et le mélange romance + survival se laisse suivre sans déplaisir mais sans aucune surprise tant tout est prévisible.


Passons au gros problème le scénario.
Déjà ce qu'on nous vend dans la BA n'est pas le film, on nous fait croire qu'il y a une conspiration qui serait révélée, or rien de tout ça, c'est juste l'histoire d'un gars qui est réveillé 90 ans trop tôt dans un vaisseau spatial géant à cause d'un champ d'astéroïde, qui découvre qu'il n'a pas possibilité de se rendormir et que donc il va crever tout seul ici, et qui au bord du désespoir après un an seul plutôt que de se suicider au dernier moment choisit de réveiller une fille en sommeil sans le lui dire. Il vit le grand amour pendant un an, elle découvre le pot aux roses, lui en veut et par un concours de circonstances il devient le sauveur du vaisseau car l'anomalie à l'origine de son réveil a empiré et il la répare au risque de sa vie, et du coup tout est pardonné.


C'est l'histoire d'un mec qui a 40ans et qui décide de séquestrer une minette de 15ans sa cadette, pendant toute sa vie sans aucun espoir d'en réchapper ou même d'en parler pour que le gars qui l'a enlevé soit puni. Il a choisi cette minette pour son look et une vidéo d'elle sans la connaître. Il choisit de se présenter à elle comme si il était prisonnier au même titre qu'elle et pas son geôlier. Il profite de sa connaissance de l'environnement pour faire découvrir des expériences émotionnellement stimulantes à sa proie, pour la manipuler et jouer avec ses sentiments afin de l'inciter au coït.
Un jour elle découvre la vérité, essaye de le tuer mais n'y arrive pas, elle renonce au dernier moment. Et par chance un deus ex machina digne d'hollywood permet au geôlier de montrer sa bravoure et sa bonté en sauvant tout le monde, et grâce à un syndrome de Stockholm magique, elle se remet à la colle avec.
C'est un peu Natacha Kampusch dans l'espace, vous savez l'autrichienne qui fut détenue pendant 8 ans par un gars qui avait 26ans de plus qu'elle, qui sortait régulièrement dans les centres commerciaux, mais qui restait avec son ravisseur.


Sinon, il y a de l'incohérence à tous les étages.
Le postulat de base est qu'on part vers une nouvelle planète inhabitée avec un vaisseau où les gens seront endormis pendant 120ans, mais sans aucun système pour réendormir les gens malgré le fait qu'il y a un voyage de retour prévu, grosse grosse incohérence. Le personnage féminin d'Aurora, oui le "subtil" rapport avec la belle au bois dormant, est d'ailleurs censé l'emprunter ce voyage retour.
On prétend que le personnage masculin de Jim devient fou en une année en ne pouvant discuter avec personne, or il a son barman robot, ça change tout de même beaucoup de Will Smith dans "je suis une légende" qui n'a que son chien, de Tom Hanks qui n'a que son ballon Wilson, ou Matt Damon dans "seul sur Mars" qui n'a que ses patates. Le barman casse ce chemin vers la folie, mais il est complètement nécessaire au scénario vu que c'est lui qui apprend la vérité à Aurora. Il a aussi des assistants virtuels, des adversaires virtuels dans les dance battles...
Le gros deus ex machina de Morpheus qui apparait juste au moment où on a besoin de son pass, et qui disparaît de façon bien pratique au bout de quelques minutes pour ne pas avoir besoin de tenir la chandelle.
Je vous passe la conception du vaisseau qui n'a pas prévu de passer dans un champ d'astéroïdes.
On fait un survival, mais tout le monde a à bouffer à foison, des vêtements en pagaille... Alors certes pas le choix au petit déj mais ensuite le reste de la journée on peut manger où on veut dans les différents restaurants. C'est pratique tout de même, pas de possibilité de se réendormir, mais en revanche on a bien prévu que les restaurants / bars / cafétérias sont opérationnels sans avoir besoin d'être lancés par le personnel de bord. De même ces systèmes censés fonctionner pendant 4 mois fonctionnent sans trop de soucis pendant 90ans. N'oublions pas non plus que deux personnes qui tapent dans le stock de bouffe pendant 90ans, stock de bouffe prévu pour 5000 pendant 4 mois, ça fait 10% de partis, heureusement qu'ils n'ont pas eu de gosses. Heureusement que le scénario a prévu 4 mois d'adaptation et pas 2 semaines pour se remettre du sommeil artificiel car ils auraient à deux épuisé presque toutes les réserves.
La gestion de la gravité est catastrophique. Comme chacun sait, en particulier depuis 2001 l'Odyssée de l'espace, en obtient une gravité artificielle par force centrifuge. Un objet qui tourne dans l'espace ne freine pas comme sur terre car il n'y a pas de frottements dans l'atmosphère, il n'y a donc pas possibilité que subitement la gravité artificielle s'arrête en quelques secondes pour ensuite redémarrer en quelques secondes. On le voit d'ailleurs bien dans le fait que les zones habitables sont en rotation, et que quand on change de zone on arrive en apesanteur, mais forcément pour la scène spectaculaire de la piscine on fait autrement. Si la gravitation avait nécessité de l'énergie importante pour conserver la rotation de la machine, vous pensez bien qu'on l'aurait désactivé pendant les 120ans où tout le monde était au lit.
Et enfin un gros vaisseau de 5000 personnes, 120 ans de voyage, des pièces de rechange pour le réacteur avec des robots de maintenance. Mais un seul poste médical automatique pour tout le monde.


Bref, c'est trop simpliste, amoral, incohérent et téléphoné. Pourtant on nous présente la fin comme une happy end. C'est la revanche de Joseph Fritzl, Wolfgang Priklopil ou Ariel Castro.

Créée

le 6 févr. 2017

Critique lue 333 fois

wasabi

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