Pat Garrett et Billy le Kid par XavierChan

Si la version de Patt Garrett & Billy The Kid vue par Peckinpah est un chef-d'œuvre, c'est parce qu'elle est iconique, stylisée sans jamais être clinquante, infiniment moderne parce que Dylan à la musique et au casting a déjà été plusieurs fois aux sommets. Parce que la liberté et l'insouciance des sixties (Coburn est à deux doigts de partouzer quand même) intègre directement le récit, sa violence y est désacralisée, les corps jetés comme de vulgaires chaussettes dans la poussière.

A cette poussière se joignent les larmes, le sang, quelques discrets ralentis, loin de la démonstration de force de La Horde Sauvage, parce que l'heure est ici à la mélancolie, il n'y a rien de drôle à se tirer dessus. Il est de bon ton de penser qu'on est pas loin d'être devant l'un des westerns les plus tristes du monde, par instants beau à en pleurer, c'est ce qui fait la force des grands films : cette capacité à inventer de toutes pièces une émotion pure, intacte, en un mot sincère, en un plan deux contrechamps sur le visage d'une femme, un type qui tient entre ses mains sa panse criblée de balles, un crépuscule et quelques chevaux et, surtout et tout le temps, la musique d'un Dylan, en retrait mais indispensable. Un des rares westerns où les typent ne roulent pas de mécaniques et avancent irrémédiablement, voire à reculons, vers les portes du paradis.