Qui sont les pauvres créatures ?
Depuis le début, elles sont plusieurs, mais jamais ce ne sera celle incarnée par Bella.
Les pauvres créatures seront toutes les autres qui croiseront sa route, du docteur Baxter (Willem Dafoe), professeur Frankenstein, reportant sur elle ses traumas d'enfance, à Duncan (Mark Ruffalo), l'amant confiant puis éperdu, en passant par les mendiants, les pauvres, les prostituées... Finalement à travers le parcours initiatique de Bella, on s'achemine vers l'inéluctable vérité, celle du voyeur, qui parfois nous est rappelée par l'œilleton de la caméra : les pauvres créatures, ce sont nous, avec nos jugements et nos fantasmes. Ce film est un OVNI, un très beau tour de force, à l'esthétique néo-gothique, où "Elephant Man" aurait croisé "Virgin Suicides". Le casting est absolument époustouflant, Emma Stone, pierre angulaire d'un édifice baroque, en tête, d'une ode féministe, qui aurait pu être la version moderne de l'œuvre de Mary Shelley.