Yorgos Lanthimos, un virtuose de la caméra et des situations dérangeantes ou déstabilisantes. Il aime filmer la où ça fait mal, porter notre regard sur l'indicible. Le spectateur ne sera jamais prêt pour ses films, car ce qu'il cherche, c'est nous surprendre, nous piquer au vif avec des scènes qui génèrent dégoût ou inconfort.
Alors autant pour 'The Lobster' et 'La Favorite' j'avais adhéré au concept, dans 'Pauvres creatures' tout m'a paru quelque peu redondant et difficile à suivre. Emma Stone qui était sublime dans 'Birdman' devient une créature horripilante, cette greffe de cerveau, celui de son foetus, ne lui a pas réussi. L'usage du noir et blanc est opportun, mais c'est aussi pour mieux dissimuler le caractère factice des décors, lorsque la couleur apparaît ce sont autant de défauts et de cartons pâte qui se révèlent. A l'heure où l'IA aurait pu corriger tout ça, Yorgos assume et se la joue Old School, façon théatre, un brin fou, totalement décalé, une sorte de Salvador Dali du cinéma...
Bienvenue à l'asile des surréalistes !
Avec Pauvres Créatures, Lanthimos pousse son esthétique jusqu’à l’absurde, au risque de perdre le spectateur en route. C’est un cinéma de l’excès, du grotesque du politiquement incorrect. Une œuvre qui fascine autant qu’elle agace, qui interroge autant qu’elle dérange. Un film qui ne cherche pas à plaire, mais à provoquer ! On aimera le détester, selon notre humeur du moment, ma note ne changera pas par contre...
Allez, j'ai aimé revoir Willem Dafoe dans une sorte de docteur Frankenstein qui manifestement ne s'est pas loupé !