On ne comprend pas bien où Jane Campion voulait en venir avec cette histoire de 8 minutes qui abouti sur un vide sidérant : on suit une famille en voiture dont le père, voulant punir l'enfant qui jette ses pelures de pamplemousse par la fenêtre, l'oblige à rebrousser chemin pour ramasser ses déchets. Jusque-là, on a saisi l'histoire et son enjeu, et l'on est même piqué d'un léger suspens lorsque le garçon tarde à rentrer à la voiture (que lui est-il arrivé ?). Mais non. Jane Campion choisit de ne pas choisir, et c'est bien frustrant : ni la fin positive (le garçon revient avec les pelures et la famille repart), ni l'une des infinités de fins plus élaborées (dans le macabre : il s'est fait renverser, enlever ; dans le poétique : il a trouvé un pamplemoussier qui l'a attiré et distrait, il a décidé de ramasser d'autres déchets... On trouve au moins dix fins possibles pour conclure le court-métrage). Peel s'arrête donc avec le garçon revenu à la voiture, qui saute sur le toit, le père assis sur le coffre, et la mère complètement amorphe sur la banquette avant... Et ? Pourquoi ce tableau final ? Que se passe-t-il ensuite ? S'il ne fallait pas chercher un quelconque sens à l'intrigue, il aurait alors mieux valu nous offrir une esthétique et un montage impeccables, pour nous détourner de l'envie de creuser l'intrigue, ce qui est loin d'être le cas de ce Peel. Avis aux amateurs qui veulent tourner leur propre court, inventez simplement une vraie fin à celui-ci, il ne lui manque que cela pour devenir sympathique. A vos caméras.

Aude_L
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le 16 avr. 2021

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