Quand la ville mord

Quoi ma gueule ?
Qu'est ce qu'elle a ma gueule ?
Quelque chose qui n'va pas...
Elle ne te revient pas ?

Apparemment non, vu la moyenne piteuse que je me paye sur Sens Critique...

Par contre, faudrait peut être voir à arrêter de se monter le bourrichon, là.

Car tu t'attendais vraiment à une suite directe du Dernier Train pour Busan ? Surtout après avoir vu ma bande annonce ? Après t'avoir littéralement crié que je me déroulais quatre années plus tard ?

Alors oui, on parle de Busan dans un flash infos. Oui, je reprends l'attirance des zombies pour la lumière. Mais bordel, c'est donc plus permis, au cinéma, de changer son fusil d'épaule sans provoquer la déception, voire le mécontentement ?

C'est plus permis non plus de proposer autre chose, comme Yeon Sang-ho avait pourtant pu le faire en passant de son Seoul Station animé et pessimiste à un Dernier Train pour Busan live réaliste ?

Parce que là, mon gars, tu vas être déçu si tu veux renouer avec ce que tu as éprouvé en 2016.

Car là, je lâche plutôt la bride de la rigueur pour proposer du spectacle décomplexé et ultra référencé. Je passerai donc sans doute pour un gros gloubiboulga aux yeux du cinéphile de bon goût (pléonasme).

Par contre, celui qui restera devant ce qui sera considéré comme une certaine forme de dégénérescence se souviendra, tout au long de la projection, de plein de trucs mal aimés dont mon réalisateur s'emparera pour tout passer au shaker : du Los Angeles 2013, du Land of the Dead, du Mad Max au Delà du Dôme du Tonnerre, du post apo rital, allant jusqu'à Doomsday. Pour offrir un cocktail what the fuck mais qui remplit haut la main son contrat de divertissement, celui qui devrait animer toute série B de ce nom.

L'action est plutôt bien foutue, mais parfois un peu raide niveau effets spéciaux, faut bien l'avouer. Mais le spectateur n'y verra que du feu tant les images choc s'enchaînent. Jusqu'à ces deux scènes de poursuites automobiles qui figureront sans mal au top des séquences marquantes de cette année 2020 tant elles s'avèrent over the top, gonflées et burnées. Tandis que mes zombies submergent l'écran de toute la masse informe qu'ils constituent désormais.

Oui, je suis plus simpliste niveau critique sociale, mais je conserve néanmoins mon regard cynique sur les élites coréennes incapables, ma dénonciation de pays qui sont allés droit dans le mur et la perpétuelle fuite en avant caractérisant mes personnages. Il suffit de voir un tout petit peu plus loin que le bout de son nez.

Sauf que j'ai dû sans doute, pour l'exportation, m'occidentaliser en me pliant à une issue toute hollywoodienne se montrant pompière dans son approche de l'héroïsme, alors que j'étais sur le point de me la jouer The Mist...

Mais rien qui viendrait porter longtemps préjudice au plaisir très bis qui j'ai donné à ressentir pendant presque deux heures truffées de fulgurances cinétiques, d'idées déglinguées et de gunfights qui font parler la poudre.

Faudrait donc voir à te détacher de tes attentes démesurées, mon gars, si jamais tu voulais vraiment me rendre une petite visite dans ta salle de cinéma.

Te voilà prévenu.

Behind_the_Mask, orgueil, préjugés... Et surtout zombies.