"I wish someone were trying to kill me. It would give focus to my life, excitement."

Une bizarrerie très étrange, assez peu efficace à l'export puisqu'elle met en scène un duo de magiciens (Penn et Teller, de véritables illusionnistes états-uniens) jouant leurs propres rôles dans le cadre de cette comédie déjantée mélangeant faux thriller et humour noir. La première séquence est consacrée à un show télévisé montré avec les coutures apparentes pour le spectateur (du film, car les spectateurs du show en question sont les vrais destinataires du tour de magie, possible uniquement sur un écran de télé) : on nous montre les préparatifs, le public sur place témoin des magouilles, et les téléspectateurs surpris (un numéro basé sur le fait que le duo est positionné à l'envers, tête en bas, leur permettant de jouir d'une gravité inversée pour divers gags). Tout le reste sera globalement condensé en un élément unique : Penn annonce en direct qu'il aimerait bien que quelqu'un essaie de l'assassiner, marquant le début d'une odyssée paranoïaque pour nous comme pour eux. "I wish someone were trying to kill me. It would give focus to my life, excitement. I’d be like James Bond."


Je suppose qu'une grande partie du charme d'un tel projet se perd au moment de l'exportation puisque en dehors des États-Unis on peut douter de la célébrité du duo de comiques magiciens (tout en sachant que le film n'a pas été un succès national foudroyant). "Penn & Teller Get Killed" disposait pourtant d'une vraie bonne idée : utiliser la magie, au travers des talents et du background du duo Penn & Teller, pour questionner l'illusion au cinéma ainsi que les conséquences de la surenchère en matière de "manipulation amicales". C'est pas mal trouvé car la composante magique annihile en quelque sorte la suspension consenti de l'incrédulité propre au cinéma : on ne sait jamais si ce qui nous est montré est réel ou non, s'il s'agit d'une énième blague ou d'une dérive inquiétante. Le dispositif fonctionne bien de ce point de vue-là, en montrant comment les deux fous dépassent les bornes — jusque dans les casinos de d'Atlantic City, alors connus comme le Trump Taj Mahal... Sans surprise la conclusion peine à convaincre, on voit bien qu'Arthur Penn, dont c'est la première comédie (choix curieux pour un dernier film), ne sait plus trop quoi faire dans cette expérimentation aux limites de la provocation. La question de la représentation de la mort est pertinente, mais en tant que comédie noire puis macabre, surtout sur son final archi précipité, c'est un échec.

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le 3 avr. 2025

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Morrinson

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