Do you like girls who are rich or girls who aren't ?

Tandis que les japonais s’entêtent à resservir des dramas qui se suivent et se ressemblent, d’autres ont une certaine volonté à apporter quelque chose à ce cinéma qui est très souvent considéré comme le pendant asiatique de la comédie romantique mièvre américaine. Le chinois Jiao Shou Yi Xiao Xing nous avait étonné avec son récent moyen-métrage Invisible Girlfriend, et il semblerait que les coréens veuillent aussi insuffler un peu de noblesse au genre. Des réussites, puisque Love Fiction et Penny Pinchers ont tous deux été sélectionnés pour l’édition 2012 du Festival du Film Coréen à Paris.
Penny Pinchers n’a cependant rien de démesurément surprenant dans son ensemble, la trame et la finalité étant comme toujours devinées à l’avance par le spectateur. En revanche c’est dans ce fourmillement de détails que la bobine trouve toute son énergie. Les scènes se suivent à vive allure et jamais l’aspect loufoque de l’essai ne s’étiole, nous faisant découvrir deux personnages intéressants, Ji-woong et Hong-sil. Le premier est un jeune homme lambda, un peu obsédé, très branleur (au sens propre comme au figuré). Le second est une jeune femme pingre non pas obsédée par le sexe, mais par l’argent, qu’elle collecte par n’importe quel biais, souvent à la limite de la légalité, afin d’atteindre une somme rondelette. Hong-sil est d’ailleurs des deux le plus intéressant car sa personnalité se dévoile peu à peu et tout ce qui constitue l’aboutissement final repose sur ses épaules, alors que Ji-woong est plus là pour assurer un côté nigaud permettant à la bobine de surfer sur deux types d’humour, l’un fin, l’autre plus visuel, voire con-con. Une alchimie assez étonnante qui opère et réussit à nous faire supporter des blagues vaseuses qui sont lâchées avec parcimonie, alors que dans des bobines ne comprenant que ça (cf Ted), l’écoeurement est presque immédiat.

Le réalisateur et scénariste Jung-hwan Kim regorge d’idées et réussit à faire de cette comédie sentimentale de deux heures un essai plus que concluant. Le pathos ne s’impose qu’assez peu et reste très supportable, la comédie y est omniprésente et rend son public hilare, et enfin la partie romance est traitée de façon suffisamment subtile afin de ne pas tomber dans la mièvrerie gratuite (et même tournée en dérision lors d’un passage succulent).
Il y a évidemment un deuxième niveau lecture qui se situe au niveau de l’argent lui-même, car si nos deux héros s’associent pour en accumuler, ça n’est pas sans raisons, et les moyens par lesquels ils en trouvent aussi bien que le pourquoi montrent une disparité sociale assez effrayante. Le passage où ils pillent des maisons abandonnées et trouvent une poupée d’enfant est même très représentatif, même si le cinéaste ne s’éternise pas dessus afin d’éviter de donner un côté trop dramatique à son oeuvre.
Les moments géniaux s’embrouillent dans nos têtes (cette version de When Johnny Comes Marching Home !), Joong-ki Song est impayable en Ji-woong et Ye-seul Han est attendrissante dans son interprétation simple, avec un regard pétillant autant qu’il cache subtilement un traumatisme plus profond.
Penny Pinchers se révèle donc être un produit drôle, touchant, plein d’intelligence et de fraicheur, et suffisamment bien écrit pour plaire à un public vaste, qu’il soit accroc au genre ou non.
SlashersHouse
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le 20 oct. 2012

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