Après avoir fait escale dans l’imaginaire avec son « Le Bon Gros Géant », Steven Spielberg revient dans un registre si touche la sensibilité d’une nation, marqué par son sentiment de puissance et de fierté. La Guerre du Vietnam est un exemple simple, qui conjugue les manœuvres directes et indirects sur tous les fronts. Il y a souvent beaucoup à protester contre l’État, mais il n’y a pas lieu de s’exprimer si l’on étouffe l’information dans un tiroir. Le débat se situe donc précisément là où on l’attend, à savoir sur le terrain de la liberté d’opinion et d’expression. La presse et le gouvernement de Richard Nixon entre en conflit, alors que l’un campe derrière la position du peuple et l’autre par intérêt personnel.


On dépeint alors un milieu hostile et concurrentiel où les actes entrainent de lourdes conséquences, s’ils ne sont pas mesurés avec justesse. Mais il faut parfois challenger la conscience elle-même afin de miser sur des valeurs universelles. The Washington Post, suite à la tentative avortée du New York Times de publier des documents sensibles du Pentagone, bataille en interne sur ce qui doit être fait et en y mettant les formes. On s’attarde ainsi sur Katharine Graham (Meryl Streep) et son ascension dans un milieu discriminatoire. Toujours subtile, la transparence parle énormément dans cette fresque d’une femme dans le monde contemporain. Il y a tant à apprendre de cette dernière qui a tout sacrifié pour se heurter au monde, comme si elle sonnait à elle seule la révolution afin de retrouver une démocratie, arraché par un État qui en oublie ses devoirs.


On prouve, par des documents secrets, que les bavures s’engagent sur tous les fronts, même au plus haut des commandements d’un pays. Avec le soutien de Ben Bradlee (Tom Hanks), la toute nouvelle directrice de la rédaction nous libre un combat passionnant et rythmé. La crédibilité, tout comme la confiance, sont en jeu et la menace nucléaire fut sérieuse à l’époque. Ce n’est pas tant le contenu qui intéresse le film car cela est ancré dans la cultures de la population. Non, le film axe son message sur la justesse des décisions que l’on prend, que ce soit un choix égoïste ou commun. « La presse doit répondre aux gouvernés et non aux gouvernants » clame un juge, dont le discours cristallise tout ce qu’il y a de juste dans un monde où personne n’a de contrôle sur personne : la liberté.


La nécessité de préserver l’image d’un pays est la préoccupation de tous, dès lors que l’on finisse par gagner cette guerre que l’on a soi-même déclenché. Sur le front du journal, il y a bel et bien une victoire chez les rédacteurs. Le monde a besoin de savoir pourquoi le présent n’évolue pas plus et « Pentagon Papers » rend un hommage aux métiers du journalisme dans cet intérêt. Et bien que la démarche reste très académique, Spielberg finit par gagner les esprits d’Américains fiers et patriotes. Cela touchera moins les autres nations impliquées, mais la scène d’ouverture n’est pas là par hasard, une reconstitution doit évidemment passé par le carnage et c’est ce que détourne le réalisateur dans le but de rendre justice.

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le 22 avr. 2018

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