Plus de trente films en quarante ans, enchainant parfois deux longs-métrages (un gros blockbuster contre un biopic), Steven Spielberg n'a plus rien à prouver. 2018 est pourtant encore une fois son année, assurément. Quelques mois seulement avant le dantesque Ready Player One, il collabore pour la cinquième fois avec son acteur fétiche Tom Hanks pour une histoire vraie, celle du Washington Post qui hésita à publier les pages que le gouvernement américain souhaitait cacher, des preuves concernant la planification de la Guerre du Viêt Nam et ses rouages tendancieux...


Si Ready Player One baignait dans un univers numérique, Pentagon Papers brille de ses décors aussi intimistes tels que des bureaux et des couloirs mais aussi des décors extérieurs naturels nous ramenant non seulement dans les années 70 avec une certaine efficacité mais nous rappelle également la beauté cinématographique d'un réel auteur. Le réalisateur américain, aujourd'hui sexagénaire, n'a rien perdu de son talent à émerveiller et à proposer un cinéma adulte, complexe et maîtrisé, en témoigne cette histoire sous tension habilement menée, jouant sur plusieurs thèmes pour ne jamais lâcher son spectateur. Des premières minutes de bobine à ce final tendu comme un string, Pentagon Papers demeure époustouflant, incroyablement contrôlé, visuellement sublime et interprété à la perfection par une galerie d'acteurs confirmés d'une rare efficacité.


Quand Tom Hanks nous souffle une fois encore, Meryl Streep vole la vedette en interprétant Katharine Graham, elle qui en bavait dans un univers masculin pour ne pas dire macho, se faisant parfois gentiment remettre à sa place de femme tandis qu'elle observe des décisions souvent absurdes. Ne poussant jamais les potards à fond, Spielberg ne livre pas une œuvre féministe maladroite et poussive comme le font beaucoup trop de productions actuelles ; il apporte la nuance et la justesse nécessaires pour toucher son public sans tomber dans la facilité vulgaire, délivrant un thriller puissant et passionnant, dont l'efficience réside autant dans la maîtrise absolue de son sujet que dans sa mise en scène impérissable. Du grand Spielberg.

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le 18 juil. 2019

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