Perfect Blue
7.8
Perfect Blue

Long-métrage d'animation de Satoshi Kon (1997)

Je vais vous raconter une petite partie de ma vie.

#jeracontemavieetjevousemmerde

Eh oui, car moi je ne me prends pas pour un journaliste ni un critique de cinéma.

Ce petit texte n'a pas pour vocation ni prétention d'apporter une analyse fine et poussée d'une œuvre magistrale.

Il a juste l'intention de décrire le ressenti après projection d'un simple spectateur qui a payé 35 francs pour le voir sur grand écran à sa sortie.

Nous sommes le 20 septembre 1999.

Je me rends chez des potes étudiants en prépa qui s'apprêtent à réviser comme des fous tandis que moi, je n'en suis qu'à ma journée de rentrée en première année de DEUG.

En moi même je les plains, car alors que j'ai une séance prévue à 20h15 pour un manga, ils vont devoir bosser leurs cours car le lendemain ils ont une colle... À l'époque ces films d'animation japonaise ne sortaient qu'au compte goutte (Miyazaki n'avait sorti qu'un seul film à ce moment en France, Akira n'avait été visible qu'à une petite frange de fanatiques, tout comme l'œuvre de Takahata. Sinon, c'était les films Dragon Ball Z destinés à la génération Club Dorothée : c'est à dire moi).

RIEN, et j'insiste, ABSOLUMENT RIEN ne m'avait préparé à ce que j'allais vivre, et au coup de boule que j'allais me prendre.

Je me revois dans le bus, insouciant...

Je me revois, à la caisse, en train de demander une place pour Perfect Blue.

Je me revois, dans la salle (la salle 6, celle où 4 mois plus tard j'ai vu Princesse Mononoke, celle où j'avais vu Un jour sans fin... Une salle bénie des Dieux du cinéma en somme...), et je me revois, à la sortie: stupéfait, subjugué, ravi, satisfait, heureux. Heureux d'avoir payé ma place, d'avoir assisté à un tel spectacle, d'avoir été plongé dans un premier film aussi complexe, maîtrisé, profond. Une intrigue policière psychologique schizophrénique complètement folle et palpitante qui vous scotche de bout en bout. On a l'impression d'être sous hypnose tout du long, c'est pourquoi, lorsque le générique de fin défile, j'ai eu l'impression de revenir des profondeurs de mon subconscient et d'avoir vécu une expérience aussi folle qu'unique, de m'être pris une claque digne des pires trip orgasmiques qu'aucun stupéfiant n sserait capable de me procurer.

Satoshi Kon était pour moi, à ce moment là, un parfait inconnu.

5 jours après le dernier tour de piste de Kubrick (Eyes Wide Shut, sorti le 15 septembre 1999 sur nos écrans), j'ai vécu le premier jet d'un génie cinématographique disparu trop tôt. Le hasard du calendrier est parfois magique.

Je ne l'ai jamais revu depuis et pourtant, Perfect Blue m'a imprégné et marqué au plus profond de ma chaire. Je m'en souviens aussi clairement que mon dépucelage.

Car n'ayons pas peur des mots, c'en était bien un pour moi petit spectateur que je suis dans mon petit siège rouge dans ma petite salle de mon petit cinéma (qui maintenant est définitivement fermé).

Decidément, cette année 1999 était particulièrement riche...

Après Matrix, Le projet Blair witch, Jugatsu, Astérix & Obelix VS Cesar... (Non je déconne...), il y a eu Mima...

Et dire que Fight Club sortait 2 mois plus tard, et L'été de Kikujiro 1 mois seulement après... Je n'étais pas au bout de mes claques...

Perfect Blue est une expérience unique. Le genre de shoot qui donne envie de retourner voir des films au cinéma pour pouvoir revivre cet orgasme cinématographique.

Cette intrigue policière sur fond de schizophrénie, avec un poil d'érotisme, des personnages aussi travaillés qu'attachants, un suspense à coupe le souffle, et une résolution brillamment mise en scène, cela donne une œuvre géniale.

Je suis marqué à tout jamais par cette séance exceptionnelle.

À ceux qui ne l'ont pas aimé sur leur petit écran de merde, j'ai envie de leur dire : Allez vous faire...

Créée

le 29 août 2022

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titiro

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