J-Pop Idol

Perfect Blue nous raconte l'histoire de Mima, une jeune chanteuse qui décide de quitter son groupe pour devenir comédienne de série télé. Elle pensait cette reconversion sans histoire mais elle devra faire face à un fan en colère qui va commencer à dévoiler en détail la vie de la jeune femme sur Internet. Parallèlement à cela, plusieurs drames vont se produire dans l'entourage de Mima, laquelle va vite realiser que son existence se confond dangereusement avec sa série TV.

Pour son premier long métrage, Satoshi Kon explore une thématique qui traversera l’ensemble de son œuvre, à savoir la perception déformée de la réalité (on est très proche d’un Philip K. Dick). Perfect Blue adopte le point de vue chaotique de son héroïne, une jeune fille emportée dans le tourbillon du star-system et qui, petit à petit, va perdre pied lorsque la frontière entre ses rêves, son rôle (celui qu'elle joue à la TV) et sa propre vie va devenir de plus en plus floue. Sous ses attraits de thriller schizophrène et paranoïaque très "à l’occidentale", Perfect Blue traite d’un sujet typiquement japonais à savoir la fascination pour les Pop Idols, ces starlettes de J-Pop qui enchaîne mannequinat, musique et cinéma dont les attraits de lolitas attirent nombres de fans (ou de pervers, au choix) à travers l’archipel nippon. À la fois film à suspense (avec des vrais gros morceaux d’intrigue policière dedans) et confession des angoisses existentielles de son auteur, Perfect Blue est un film d'animation profondément adulte.

Mort en 2010 à l'âge de 46 ans, Satoshi Kon a su développer un univers esthétique qui a indéniablement impacté le cinéma américain des années 2000, notamment chez Darren Aronofsky. Le cinéaste new-yorkais a d'ailleurs acheté les droits du film sur le sol américain (59 000 dollars) afin de proposer un copier-coller d’une scène de Perfect Blue dans son Requiem For A Dream. En avait-il encore possession lorsqu’il a tourné Black Swan tant le film est une transposition de Perfect Blue dans le monde de la danse, avec de très nombreuses similitudes visuelles et thématiques ? Nous n'irons pas jusqu’à parler de plagiat. Pour cela, regardez plutôt Paprika, l’ultime chef-d’oeuvre de Satoshi Kon, et enchaînez avec Inception. Nul doute qu'après cela, les fans de Christopher Nolan iront pleurer des larmes de sang.