Perfect Days
7.4
Perfect Days

Film de Wim Wenders (2023)

Ce Perfect days est un film difficile à décrire. A l'image du terme japonais "Komorebi" dont il s'inspire, toute tentative de le caractériser, à le fixer dans une définition renvient peut-être à en perdre la nature et la saveur. Je vais tout de même m'essayer à en faire la critique.

Ce long métrage de plus de 2h suit le quotidien d'un homme d'âge mur dont le travail consiste à nettoyer les toilettes publiques dans l'arrondissement spécial de Shibuya à Tokyo. Chaque jour se ressemble, avec sa suite de rituels, sans pour autant tous se dérouler de manière parfaitement identique. C'est d'ailleurs un des messages du film, au delà de la mise en valeur de la beauté du quotidien et d'un bonheur quasi stoïcien, quand le personnage principal finit par annoncer que qu'un monde dans lequel rien ne change jamais n'existe pas.

Certaines critiques professionnelles ont boudé ce film car il ne contenait pas de message social fort. Au contraire, je trouve que c'est le génie du réalisateur allemand Wim Wenders d'avoir mis de côté ces procurations (quoique pas complètement, le social apparaissant à plusieurs reprises) pour se contenter d'une œuvre minimaliste, à la hauteur du quotidien du héro.

La prise de vue en 4:3 et la photo sont magnifiques. Wim Wenders sait filmer de près ses personnages, s'immiscer dans leur quotidien sans pour autant se montrer pédant dans sa mise en scène. Le travail du montage est aussi à saluer. La thématique du film et le montage m'ont parfois penser au cinéma de Jacques Tati.

L'interprétation de Hirayama par Koji Yakusho méritait bien son prix d'interprétation masculine. Sans être époustouflant pour autant, l'acteur à une présence à l'écran formidable, sait gérer les silences à la perfection et joue son rôle à merveille. L'avant dernier plan du film en dit long sur ses capacités d'acteurs. Les autres protagonistes ne sont pas en reste et tous jouent plutôt de manière juste.

La musique est aussi habillement utilisée, à l'image du lancinant Perfect day de Lou Reed, qui une fois mis au pluriel donnera le titre du film. Mention spéciale à la présence d'une chanteuse d'enka que j'apprécie beaucoup et qui se trouve être une réelle star au Japon, Ishikawa Sayuri, qui joue le rôle d'une mama et qui réinterprète magnifiquement The House Of The Rising Sun en japonais dans l'intimité d'un petit bar à habitué.

Un autre point fort du film est sa vraisemblance : Wim Wenders ne s'est pas égaré dans une œuvre exotique contant un Japon fantasmé pour un public occidental lorgnant vers les œuvres primées dans les festivals internationaux : il a laisser faire l'équipe japonaise pour trouver des lieux adéquats à l'histoire du film et ne part jamais dans le cinéma de témoignage. Cela explique pourquoi le film est autant apprécié par le public japonais (en plus de la galerie d'acteurs plutôt célèbres dans l'archipel).

Je ne sais pas si Perfect Days va me laisser une grande trace, mais je suis au moins sur d'une chose : il s'agit d'un des meilleurs moments de cinéma qu'il m'a été donné de vivre ces derniers mois. Et rien que pour cela, j'attribue à cette petite perle une note de 8/10.

Maxence-Carl-Alexis
8

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Créée

le 17 janv. 2024

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