Alors là, le père Assayas s'est planté, et gravement même. Mais ce n'est pas un problème, car il avait pu filmer les seins de Kristen, ce qui devait être fondamentalement son objectif en concevant ce "Personal Shopper" qui frôle l'aberration absolue. Et en plus il a reçu un "Prix de la Mise en Scène" au royaume des aveugles (Cannes), prix particulièrement inepte quand on pense que c'est aussi du fait du manque de pertinence de sa mise en scène, en particulier dans les scènes "de genre", que le film consterne. Alors, "Personal Shopper", c'est quoi ? D'abord, un mélange indigeste d'intrigues qui ne mènent à rien : une jeune femme médium attend un message de l'au-delà de son frère jumeau décédé pour savoir s'il existe une vie après la mort ; elle fait les courses "fashion" d'une personnalité de la jet set particulièrement infecte, et confronte son propre mode de vie, frugal, aux splendeurs inhumaines du luxe ; elle est victime d'un stalker qui se révèlera bientôt un criminel... Why not ? Eh bien parce que tout cela ne fait pas une histoire intéressante, ni surtout un vrai film. Assayas n'est pas sud-coréen et rate complètement le "mélange de genres" sur lequel il louche, nous ennuyant prodigieusement avec un enfilage de scènes convenues au sein desquelles Kristen Stewart est pour une fois complètement éteinte, à la limite de l'irritation pour le spectateur accablé. A la fin, on hésite quant à ce qui était le plus ridicule dans "Personal Shopper", de la rencontre avec un ectoplasme inutile dans une maison déserte - filmée sans aucune idée de mise en scène, justement -, d'un interminable échange de SMS entre Paris et Londres (Assayas filme un écran de portable, waouw !) ou d'une scène atroce d'essayage de vêtements sur une chanson en allemand épouvantable, sensée nous révéler la fascination cachée de la "personal shopper" pour sa patronne-tyran ! Finalement, je crois que ce que j'ai préféré, en bon adepte du deux roues motorisé à Paris, ce sont les trajets de Kristen en scooter dans les rues de la capitale. C'est dire...! [ Critique écrite en 2017]

EricDebarnot
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le 4 nov. 2017

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Eric BBYoda

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