le 26 mars 2011
75 ans avant Inception.
Peter Ibbetson fait parti de ces films en apesanteur, une merveille de réalisation et de jeu d'acteur. Gary Cooper et Ann Harding sont on ne peut plus troublants. L'histoire est à la fois forte comme...
SensCritique a changé. On vous dit tout ici.
L’amour, cette évidence qui se jouerait du temps, de l’adversité et la mort : tel est le propos de Peter Ibbetson, conte fantastique aussi excessif qu’attachant.
Le lien qui unit le couple parfait des deux protagoniste prend ainsi sa source dans l’enfance : ce sont des disputes dans une sorte de screwball précoce entre deux voisins, à propos de planches destinées à un jeu. À la tendresse portée sur ces êtres masquant maladroitement leur vulnérabilité s’ajoute un thème visuel structurant, et qui traversera tout le récit : celui des cloisons. La grille poreuse qui sépare les deux jardins annonce l’ambivalence dramatique de ce couple, qui sera fusionnel sans jamais pouvoir, dans l’espace du réel, cohabiter effectivement. Tout n’est que contrainte dans la dimension physique : ainsi de ce visage brisé de la poupée, et de cet arrachement du jeune Gogo, rebaptisé par son oncle qui dénie la part française de ses origines pour le formater violemment aux désillusions de l’âge adulte.
(spoils à prévoir)
La dynamique ira croissant. Alors qu’un vieux sage aveugle lui révèle une vérité fondamentale (le bonheur n’est pas à chercher à travers les voyages ou un ailleurs géographique, il est intérieur), Peter devenu adulte retrouve sa dulcinée désormais mariée à un homme qu’il tuera en situation de légitime défense. Le trait est certes assez épais, mais prépare le terrain d’un récit qui ne cherche justement pas à créer une illusion réaliste.
La rigidité du réel (un milieu des élites, des codes de politesse en inadéquation avec la violence des ressentiments, l’inflexible regard du système judiciaire) achève de précipiter les amants dans le domaine des rêves, et fait basculer le récit dans sa dimension fantastique. Chaque nuit, les amants se retrouvent dans leur univers onirique, qui devra symboliquement se construire par remparts successifs avec le réel qui le combat. De belles images permettent ainsi de voir communiquer les amants, unis par le même rayonnement lumineux dans leurs chambres respectives, se défaisant progressivement des doutes rationnels, puis de leur enveloppe corporelle.
Si le jeu des comédiens est un peu trop théâtral et la fable un peu naïve, le film est tout de même attachant par cette foi affirmée dans l’imaginaire, mise en abyme à peine voilée du pouvoir des images et du rêve mouvant que propose le cinéma, encore jeune en 1935. Dans la cohorte des films qui aborderont cette question du rêve (Total Recall, Vanilla Sky Eternal Sunshine of the Spotless Mind, Paprika…), il tient ainsi la place de mythe fondateur, avec une fraîcheur tout à fait charmante.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films avec Gary Cooper et Les meilleurs films de 1935
Créée
le 28 août 2017
Critique lue 497 fois
le 26 mars 2011
Peter Ibbetson fait parti de ces films en apesanteur, une merveille de réalisation et de jeu d'acteur. Gary Cooper et Ann Harding sont on ne peut plus troublants. L'histoire est à la fois forte comme...
le 15 févr. 2013
Le film s’ouvre sur deux enfants charmants qui se chamaillent, et ils sont tellement choupi que je me suis dit que ce film démarrait superbement. D’ailleurs la petite fille me disait quelque chose,...
le 28 août 2017
L’amour, cette évidence qui se jouerait du temps, de l’adversité et la mort : tel est le propos de Peter Ibbetson, conte fantastique aussi excessif qu’attachant. Le lien qui unit le couple parfait...
le 6 déc. 2014
Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord de...
le 14 août 2019
Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...
le 30 mars 2014
La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...
NOUVELLE APP MOBILE.
NOUVELLE EXPÉRIENCE.
Téléchargez l’app SensCritique, explorez, vibrez et partagez vos avis sur vos œuvres préférées.

À proposNotre application mobile Notre extensionAideNous contacterEmploiL'éditoCGUAmazonSOTA
© 2025 SensCritique