« Go on ! Go back and grow up ! » PETER PAN

Sir James Matthew Barrie est né le 09 mai 1860 en Écosse. Il est le neuvième enfant d’une famille de dix enfants. À six ans, il eut la douleur de perdre son frère David, qui mourut dans sa douzième année d’un accident de patinage. Pour l’auteur, David resta pour toujours l’enfant qui ne grandit pas et incarna un de ses thèmes favoris.

Après de brillantes études à l’université de Édimbourg, il commença une carrière de journaliste qui le contraignit à s’établir à Londres. C’est la qu’il connut la célébrité et devint très vite un auteur à succès, en particulier grâce à la création du personnage de Peter Pan.

Son héros, devenu légende, apparut pour la première fois en 1902, dans son roman Le Petit Oiseau Blanc, dont le sujet lui fut inspiré par les contes qu’il inventait pour les enfants de ses amis. L’auteur développe le personnage de Peter Pan dans sa pièce de théâtre Peter Pan, ou le garçon qui ne voulait pas grandir dont la première a lieu à Londres en 1904.

James Matthew Barrie publiera en 1904, Peter Pan dans les jardins de Kesington. Il s’agit, ni plus ni moins, que les chapitres du roman Le Petit Oiseau Blanc où apparaît Peter Pan et illustré par Arthur Rackham, un illustrateur de renom et ami de l’auteur.

Dans son conte, l’auteur exprime l’amour profond qu’il porte à l’enfance, mais aussi sa nostalgie devant le temps qui passe. Son héros est devenu si célèbre que sa statue s’élève dans les mystérieux jardins de Kesington. Cet enfant qui ne veut pas grandir, qui n’a ni mère ni père, appartient désormais à tous les enfants du XXème siècle.

C’est en 1911 que James Matthew Barrie publie Peter & Wendy, l’adaptation romancée de sa pièce de théâtre.

Walt Disney flaire l'énorme potentiel du récit dès 1935. Il envisage ainsi une adaptation cinématographique. Il conclut en 1939 le rachat des droits auprès du Great Ormond Street Hospital de Londres à qui James Matthew Barrie (décédé en 1937) avait cédé histoire et personnages.

Mais la Seconde Guerre Mondiale interrompt la production. L'état des finances de la société n'autorise ensuite, au sortir de la guerre, aucun projet de grand envergure. Les projets de Cinderella et Alice in Wonderland se retrouvent dans le même cas que Peter Pan.

Au début des années 50, Cinderella et Alice in Wonderland finissent par sortir et la critique de l’époque détruit ce dernier, adaptation d'un classique de la littérature anglaise. Les studios Disney découvrent que la critique est plus vive quand l’histoire provient d’une source littéraire connue et récente. Peter Pan a failli être, purement et simplement, abandonné. Heureusement, le projet est déjà trop avancé pour qu'il soit abandonné. Hors de question de jeter l'argent par les fenêtres, : le mot d'ordre est à l'économie dans cette période d'après-guerre.

D'ailleurs, le plan de production utilise, comme pour Cinderella et Alice in Wonderland, une astuce artistique et budgétaire qui consiste, pour réduire les coûts et faciliter le travail des animateurs, à filmer toute l'histoire avec de vrais acteurs. N'en déplaise aux critiques de l'époque, peu disposées à reconnaître la qualité des adaptations de Walt Disney.

Et puis Walt Disney est énormément absent lors de la production du film. Une mauvaise habitude qui a déjà eu lieu lors de la production de Cinderella et Alice in Wonderland. En effet, au début des années 50, des idées pour un parc d'attractions germent dans l'esprit de Walt Disney.

Peter Pan sort en 1953 par les réalisateurs Clyde Geronimi, Wilfred Jackson, Hamilton Luske et leur équipe d’animateur qui était déjà à l’œuvre sur Cinderella et Alice in Wonderland.

La musique, composée par Oliver Wallace, lui aussi a l’œuvre sur Cinderella et Alice in Wonderland, ne souffre d'aucune critique tant elle soutient à merveille le récit. Les mélodies restent en tête, à la fois charmantes et rassurantes. Si le film explore un monde d'aventures, sa bande originale ramène le spectateur dans le monde de l'enfance où finalement peu de malheurs risquent d'arriver (malgré tous les dangers).

Suivant l'exemple des thèmes musicaux, les décors sont particulièrement soignés. Un soin particulier a été apporté à la variété des angles comme l'une des premières scènes dans la maison des Darling. Les couleurs sont délibérément chaleureuses et apaisantes pour amener beaucoup de sérénité à l'ensemble et emmitoufler le spectateur dans un cocon bien confortable.

Le personnage de Peter Pan rayonne de bout en bout. A la fois fier, insouciant et épicurien, il représente l'éternel enfant qui se nourrit d'aventures et de fantaisies. Il est également subversif sur les bords, notamment dans son comportement. Il n'est, en effet, courageux que lorsque qu'il peut en tirer de la vanité, jaugeant sans cesse le regard des gens sur lui. Ainsi, et par exemple, il ne se soucie véritablement de Clochette qu'à partir du moment où il risque de la perdre, redevenant alors un garçon attentionné et valeureux (tout le contraire du Peter Pan du conte, ce qui lui vaudra les foudres de la critique de l’époque, comme Alice in Wonderland).

Le personnage de la Fée Clochette est tout autant controversé, blonde, aux yeux bleus et formes généreuses, elle est trop sexualisée.

L’adaptation prend quelques libertés sur les personnages, sauf avec le Capitaine Crochet, un des vilains les plus marquants des studios Disney. Son but est unique, il souhaite se venger de Peter Pan auprès duquel il a perdu sa main. Sans foi ni loi, froid et calculateur, il sait toutefois se faire gentleman. C'est cette ambivalence qui donne au personnage toute sa richesse, entrainant aussi bien le rire que la peur.

Les autres personnages secondaires sont trop nombreux, mais tous très drôles. Le débonnaire Monsieur Mouche, l’affamé Tick Tack, les sauvages Enfants Perdus et sans oublier Jean, Michel et surtout Wendy qui est au centre de l’œuvre. Wendy qui est pas tout à fait prête à grandir, son voyage va lui permettre de gagner en maturité en devenant la maman de substitution des Enfants Perdus. C'est d'ailleurs cette aptitude maternelle inédite qui en révèle le plus sur le personnage : Wendy se rend compte en effet que non seulement sa mère lui manque mais qu'elle est en outre, décidée désormais à grandir.

D’ailleurs, le père de Wendy partage en effet sa voix avec celle du Capitaine Crochet. Cette astuce, qui sera malencontreusement ignorée dans la première version française, et réintroduite fort justement dans le nouveau doublage de 1988.

Aussi comique que touchant, il sert une juste observation des rapports humains et familiaux. Drôle, notamment au détour des scènes d'apitoiement du Capitaine Crochet dans ses relations avec Tick Tack et Monsieur Mouche, il sait se faire sérieux et émouvant par son approche de la nostalgie et de la recherche de la jeunesse éternelle. Ainsi, dès franchie la seconde étoile à droite, tout un monde d'exploration s'offre aux spectateurs. Des pirates, des sirènes, des indiens, des fées... Pléthore de thèmes qui laissent des images impérissables dans l'esprit de chacun.

Peter Pan est un superbe hymne à l'enfance et à sa propension à croire à l'extraordinaire et au merveilleux. L'une des scènes qui caractérise bien ce constat et le rend encore plus fort est assurément la dernière ; quand Monsieur Darling voit s'éloigner au loin dans le ciel le navire de Peter Pan et se rend compte qu'il a déjà vécu cela. L'acceptation de son enfance, et du merveilleux qui la définit, prouve ainsi que chacun conserve toujours une part de l'enfant qu'il a été, même caché au plus profond de son âme.

Malgré ses qualités, Peter Pan est, à l'époque de sa sortie, boudé par la critique qui reproche à Walt Disney de se permettre d'adapter un classique de la littérature. Il était déjà loin le temps où les longs-métrages d'animation des studios Disney jouissaient d'une relative bienveillance. Il était devenu bon ton de critiquer les productions Disney sans chercher à leur accorder la moindre valeur. Au fil du temps, la critique se fait moins sévère pour finalement se retourner complètement et donner à Peter Pan un statut de chef-d'œuvre de l'animation.

StevenBen
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le 24 avr. 2023

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Steven Benard

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