Ozon, le cinéma
Cinéaste pour le moins prolifique, sortant des films chaque année comme s’il fallait déjà oublier le précédent, François Ozon peine à se renouveler, à extirper son cinéma d’un académisme encombrant...
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le 8 juil. 2022
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François Ozon a semble-t-il voulu se faire une petite récréation avec ce « Peter von Kant » qui lui ressemble beaucoup mais qui intéressera certainement un nombre de spectateurs très limité et probablement les seuls adeptes d’un certain fétichisme artistique. Plus de vingt ans après l’incandescent et bien plus réussi « Gouttes d’eau sur pierres brûlantes », il adapte non pas une pièce de son idole, le regretté réalisateur allemand Rainer Werner Fassbinder, mais organise un remake coloré de l’un de ses films « Les larmes de Petra von Kant ». Le très prolifique réalisateur, qui a plus de vingt ans de carrière derrière lui déjà et autant de films, semble amorcer un creux après le décevant « Tout s’est bien passé » alors qu’une demi-douzaine de très bons films les avait précédés dont « Jeune et jolie » ou « Grâce à Dieu » et surtout le sublime « Été 85 » il y a deux ans. Mais on lui pardonne, cette petite récréation qui absorbe la plupart de obsessions et thèmes fétiches a, semble-t-il, du lui faire le plus grand bien. Il lâche les fauves et nous convie à un huis-clos décomplexé sur les aléas du désir et la possession de l’être aimé. Dans un décorum très théâtral assumé, pétri de couleurs criardes propres aux années 70, on assiste à un huis-clos quelque peu excessif en plusieurs actes qui passionnera les afficionados d’un cinéma suranné et maniéré mais en énervera pas mal d’autres. Voire pire, il les désintéressera, tant les dialogues et les situations pourront sembler outrées et absurdes pour une bonne partie du public.
La première séquence fait même très peur. Denis Ménochet est en totale roue libre et les répliques qu’ils débitent semblent bien trop écrites pour le grand écran et faire réalistes. Son échange avec Adjani en total numéro d’auto-dérision frôle la catastrophe. Puis, tout se met petit à petit en place, et l’acteur semble prendre ses marques et nous livre une prestation osée, risquée mais gargantuesque du meilleur effet. Encore un acteur français découvert sur le tard qui se bonifie et nous étonne de film en film (rappelons-nous de son immense composition dans le tout aussi monstrueux « Jusqu’à la garde »). Le reste du casting suit le mouvement, le décor est kitsch et bien optimisé mais toutes ces tirades sur l’amour et ses vicissitudes peuvent sembler triviales et vaines. En revanche, on apprécie le personnage de Karl totalement muet et source d’un certain comique de situation appréciable. Il y a également certains sujets abordés ou des situations qui mettent en avant la toxicité de certaines relations et sentiments plutôt bien vues mais cela ne fait pas un film. Ozon nous convie à une œuvre musée, une œuvre de cinéphiles, un pur exercice de style finalement plutôt stérile et qui ne marquera clairement pas sa carrière ni sa filmographie. « Peter von Kant » se laisse regarder plus par plaisir coupable et pour son côté théâtre à l’ancienne qui fonctionne comme une Madeleine de Proust que comme un véritable objet de cinéma. Pour amateurs avertis.
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Créée
le 26 juil. 2022
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