Où se situe la frontière entre la délicatesse et la mièvrerie ? Elle est poreuse et nécessairement subjective. Petite Solange, au titre et au propos modestes (qui a dit banal ?) coche un peu les deux cases, dans cette histoire où une adolescente de 13 ans doit encaisser la séparation à venir de ses parents. Un tremblement de terre pour une fille réservée et aimante dont la lisse existence ne la prédestine pas à une rébellion punk mais à un dérèglement de l'équilibre. C'est à sa frêle hauteur que Axelle Ropert, dont le registre était jusqu'alors celui de la fantaisie, filme un récit mélancolique destiné à nous faire vivre les tourments intérieurs de son héroïne blessée et désorientée. Louable intention mais le film, loin de ceux d'Ozu, Comencini ou Truffaut, puisque certains ont osé de telles comparaisons, respire une humilité assez proche de l'insignifiance. sans réussir à faire vivre les personnages proches de la jeune fille (l'amie, le garçon, le frère). Le véritable moment d'émotion, relatif, vient tout près de la fin, après une ellipse déconcertante, ce qui est donc un peu tard. Et ce minuscule moment de grâce n'est due qu'à l'interprète de Solange, la lumineuse Jade Springer, une véritable révélation sans laquelle le film n'aurait qu'assez peu d'intérêt. A côté d'elle, le couple formé par Léa Drucker et Philippe Katerine ne produit aucune étincelle, ce dernier semblant en outre se désintéresser assez vite de l'affaire.

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le 4 févr. 2022

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