Phantasm
6.2
Phantasm

Film de Don Coscarelli (1979)


Personne ne veut mourir. Même les hommes qui veulent aller au paradis ne veulent pas mourir pour y arriver.




Du Croque-Mort à la Sphère Volante, du Deuil au Surnaturel : Exploration de l'Inconnu



"Phantasm", de Don Coscarelli, qui en plus de la réalisation se trouve derrière la production, l'écriture du scénario, la photographie, jusqu'au montage, se distingue comme un film d'horreur singulier qui a su captiver le public grâce à son atmosphère énigmatique, ses éléments surnaturels captivants et son esthétique inimitable. Ce long-métrage psychédélique a produit une franchise comprenant quatre suites, témoignant ainsi de son impact durable et de sa capacité à susciter la fascination au fil du temps. Il est intéressant de noter que malgré des débuts modestes marqués par un budget extrêmement restreint, même pour les normes du cinéma d'épouvante, ce premier film a réussi à surpasser les attentes. L'aspect impressionnant de cette pièce macabre réside dans sa capacité à maintenir une qualité de réalisation exceptionnelle malgré les contraintes financières. Bien que par moments, des éléments témoignant de ressources limitées capables d'être perceptibles, l'œuvre présente une série de séquences habilement orchestrées qui rehaussent l'ensemble. Dès le début, le film pose une ambiance sombre et intrigante qui lui confère une véritable identité visuelle. Le réalisateur parvient à mélanger habilement horreur et éléments fantastiques, offrant ainsi une expérience cinématographique unique.


L'intrigue suit le parcours de deuil d'un jeune homme, Mike Pearson (interprété par A. Michael Baldwin). Après avoir assisté à un service funéraire pour l'ami de son grand-frère Jody (joué par Bill Thornbury) et de son meilleur ami Reggie (incarné par Reggie Bannister), Mike se retrouve confronté à des phénomènes inquiétants et étranges qui prennent place au cimetière de Morningside. Dans ce contexte, il observe le croque-mort de la maison funéraire exhumant sans effort le cercueil de deux cents kilos et le régularisé dans un corbillard. Intrigué par ces événements inhabituels, Mike entreprend de mener une enquête approfondie sur la maison funéraire ainsi que sur la mystérieuse figure du croque-mort. Cette silhouette imposante cache de sombres secrets, et à mesure que Mike creuse davantage, il met au jour une série de mystères déconcertants qu'il va présenter à Jody et Reggie qui se joignent à l'exploration de ce monde apocalyptique que Mike a découvert, les plongeant aussi dans une réalité étrange et dérangeante. Les révélations cachées derrière les parois de la maison funéraire se transforment en un cauchemar aux contours insaisissables, conduisant à des conclusions troublantes où assembler toutes les pièces du puzzle ne s'avèrent vraisemblablement pas évidentes, autant pour les héros que les spectateurs.


Une caractéristique saisissante de "Phantasm" réside dans sa capacité à maintenir une tension constante à travers l'utilisation de l'imaginaire et de l'inconnu. Entre un portail invisible ouvrant sur une dimension inexplorée, un croque-mort aussi robuste, puissant et effrayant qu'un Terminator, des créatures naines cadavériques d'une hostilité marquée, une mouche géante frénétique, du sang de teinte inhabituelle et une petite sphère volante agissant tel un chien de garde prompt à infliger des blessures corporelles brutales, le film nous captive de bout en bout. Don Coscarelli manipule les attentes des spectateurs en gardant toujours une part de mystère autour des motivations et de la nature de l'antagoniste principal, et l'on pourrait même se demander si le réalisateur lui-même a une compréhension totale de cet énigme.



Vous jouez avec des forces que vous ne comprenez pas.



Cette approche génère une atmosphère d'incertitude et d'anxiété qui contribue significativement à l'horreur psychologique présenté. En outre, le film offre une lecture à deux niveaux fascinante concernant la mort et le deuil. Leur traitement apporte une profondeur émotionnelle qui équilibre habilement le surnaturel de l'intrigue. On est même confronté à un remaniement de notre perception et de notre analyse du récit par une conclusion qui bouleverse complètement la donne de ce que l'on croyait savoir. Cependant, une question subsiste : peut-on réellement tenir compte de cette révélation, ou est-ce un autre élément psychédélique du scénario ? La réponse est réservée à la suite de "Phantasm".


Don Coscarelli démontre un talent pour définir des séquences véritablement mémorables et des scènes visuellement captivantes. Je suis particulièrement frappé par sa représentation de certains cauchemars, qui se transforment en authentiques tableaux d'horreur créés par un maître artiste. C'est un pur régal ! Malgré leur modestie, les décors parviennent à instaurer une ambiance oppressante et troublante, amplifiant ainsi l'immersion dans cet univers unique. Cela se ressent particulièrement au sein de la maison funéraire avec ses murs en marbre, ses statues grecques et ses longs couloirs labyrinthiques que la célèbre boule d'acier volante parcourt frénétiquement pour pénétrer les crânes des malheureux sur son passage, devenant ainsi un élément emblématique qui a laissé son empreinte dans la culture populaire. La partition musicale, œuvre de Fred Myrow et Malcolm Seagrave, est tout simplement extraordinaire ! Elle contribue de manière significative à l'atmosphère obsessionnelle et irrationnelle du spectacle funèbre présenté. Elle oscille entre des tonalités mélodieuses et cyniques, renforçant le caractère mystérieux, troublant et dérangeant de l'intrigue. L'ensemble des éléments sonores, y compris les bruits angoissants émis par le monde surnaturel, s'allient pour créer une expérience sensorielle immersive. Un sans-faute sur ce point !


La distribution du film se révèle efficace, avec des performances certes pas toujours remarquables de la part des acteurs principaux, mais ils font le job. A. Michael Baldwin apporte une vulnérabilité touchante à son incarnation de Mike, tandis que Bill Thornbury en tant que Jody insuffle une dynamique fraternelle crédible à l'histoire, que Reggie Bannister dans le rôle de Reggie vient un peu aténuer par une petite touche d'humour . Le croque-mort, surnommé Tall Man, se profile comme une figure terrifiante et incontournable dans "Phantasm", vêtu de noir et exsudant une aura palpable de menace. Angus Scrimm investit ce personnage d'une présence hypnotique et perturbante, laissant une empreinte durable dans l'esprit du spectateur. Sa voix gutturale chargée d'une sombre menace ajoute à son charisme. Il incarne une sorte d'entité dimensionnelle errante dans notre monde, en quête de cadavres qu'il ressuscite pour les transformateurs en créatures chétives, destinées à être emmenées dans sa propre dimension. Quant à ses motivations et à ses actions, nul ne peut le dire. Quoi qu'il en soit, il est captivant d'observer nos trois héros affronter le Tall Man et se débattre dans cet univers unique. En ne dévoilant ni l'identité du Grand Individu ni les raisons derrière ses agissements, Tall Man acquiert une dimension énigmatique des plus intrigantes à suivre, suscitant le désir d'obtenir de maintes explications. La manière dont Scrimm incarne de façon troublante le Tall Man en fait l'un des antagonistes les plus singuliers que le cinéma d'épouvante ait connu.



CONCLUSION :



"Phantasm", réalisé par Don Coscarelli, reste un film d'horreur à la fois captivant et novateur qui a profondément marqué le genre. La synergie entre une atmosphère de mystère, l'exploration du deuil, des éléments surnaturels remarquables et une esthétique singulière forgent une expérience cinématographique qui ne s'efface pas de sitôt. Son influence durable sur les productions d'horreur ultérieures et son statut culte en font une œuvre incontournable pour les passionnés du genre.


Si vous êtes prêt à vous immerger dans un univers où la réalité se fond avec le fantastique, "Phantasm" est un film qui vous envoûtera et continuera de hanter vos pensées bien après la dernière scène.



Les peurs les plus profondes se trouvent dans l'obscurité.


B_Jérémy
8
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le 22 août 2023

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