Phase IV
6.9
Phase IV

Film de Saul Bass (1974)

Jamais aussi vite je n'avais fini la filmographie d'un réalisateur. A l'image de Charles Laughton, Saul Bass, légende de la réalisation de générique (Hitchcock, Preminger, Scorsese, Wyler, Kubrick), n'a réalisé qu'un seul film. Et quel ORNI (Objet rampant non identifié) !


Phase IV est un film de science-fiction horrifique, qui remplace le xenomorphe Alien par des fourmis. Des putains de fourmis !! (m'est avis que Ridley a vu ce film avant de réaliser le premier Alien, et s'en est largement inspiré). Le synopsis est simple : deux scientifiques, un fanatique instable et un ingénu rationnel, étudient un phénomène étrange de socialisation entre différentes espèces de fourmis, qui s'attaquent à plus gros qu'elles.


Ce film démarre et se finit (et est traversé, aussi) par des plans et des idées visuelles qui marquent la rétine. De long-plans mystiques sur les paysages désertiques (après une ouverture de 8 minutes ne montrant que des fourmis en gros plan), sur des soleils couchants. Elles donnent une patine incroyable à ce film, et le place à la frontière de notre monde.


Ensuite, deux idées picturales magnifiques m'ont frappé. D'abord, personne ne semble avoir filmé les boutons d'un centre de contrôle avec tant de réalisme que Bass (je ne saurais dire comment il y arrive). Mais la scène qui m'a marqué, est celle des gros doigts du scientifique fanatique cherchant frénétiquement une fourmi parmi des objets divers posés sur une table. C'est simple, mais tellement magnifique.


Il y a ensuite cette voix-off, neutre, et rationnelle, qui explique la situation par la démarche scientifique menée sur ces fourmis. Malheureusement pour ce film, il l'enferme dans un huis-clos, relativement peu intéressant, dans lequel est intégré un troisième personnage féminin, encore plus inintéressant.


Et cette fin, ouverte, qui rend compte de l'intelligence des fourmis, et de la condamnation irrémédiable de l'humanité. Elle souligne surtout la métaphore filée, peut-être évidente, qui fait le parallèle entre homme et fourmi, dans son utilisation des autres êtres vivants dans ses expérimentations, mais surtout dans sa volonté expansionniste et guerrière, et la négation de l'individualité nécessaire pour atteindre cet objectif.


Finalement, je crois que ce film rentre dans la catégorie de film de science-fiction/fantastique un peu fauché, mais bourrés d'idées que j'adore, et il prend un bonne place aux côté d'Apocalypse 2024, La Dernière Vague, et Rollerball. Du coup, malgré son côte un peu kitsch, ce film mérite d'être découvert, car grandement novateur.

Créée

le 3 mars 2021

Critique lue 32 fois

Agregturp

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