le 13 avr. 2025
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Film de David Yarovesky sorti en 2025. Je ne connais rien du réalisateur ni du film argentin dont, semble-t-il, d'après Wikipedia, "Piégé" serait le remake.Le scénario peut se résumer de la façon...
Si je vous dis : un vieil homme atteint d'un cancer, qui a plusieurs fois dans sa vie subi les injustices du système et les méfaits d'autres hommes, bien décidé à imposer sa propre justice en enfermant ses victimes pour leur faire payer leurs erreurs à travers un jeu de torture. Vous me répondez ? Saw, bien sur ! Sauf que non. Aujourd'hui, on parle de Piégé, film réalisé en 2025 par David Yarovesky avec Bill Skarsgård et Anthony Hopkins, remake du film argentin 4x4 de Mariano Cohn de 2019 (ça fait beaucoup de noms et de dates, promis il ne s'agit pas d'un cours d'Histoire).
Eddie (à qui Bill Skarsgård prête ses traits) est un homme divorcé, papa affectueux quoi qu'un tantinet absent, et qui traîne dans les pires combines à longueur de temps. Cet ex-mari fauché et aimant à ennui cherche de l'argent, entre autre pour payer les frais de réparation de sa voiture, dont il a besoin tant pour travailler (ou du moins essayer) que pour aller chercher sa fille à l'école. Face au manque de solution, il se décide à forcer des voitures pour y chercher d'éventuels butins. Il n'imaginait pas alors s'en être pris à la seule voiture qu'il ne fallait pas toucher, celle de William, vieux médecin désabusé qui ne croit plus en rien, et décide de rendre justice lui-même. Après avoir vu sa voiture fracturée à plusieurs reprises, il en a fait une geôle doublée d'une salle de torture (surtout psychologique) dans laquelle il va enfermer Eddie durant plusieurs jours.
Le principe a de quoi donner quelque chose d'amusant, et le film utilise assez habilement ce dispositif original pour tourmenter ce pauvre Eddie. Chauffage à fond, climatisation rendant l'air glacial, volume de la musique (soigneusement choisie pour être la plus insupportable possible) poussé à son maximum, sièges électrifiés avec lesquels son tortionnaire peut lui envoyer des décharges à sa guise. Le tout à l'intérieur d'un véhicule blindé, parfaitement insonorisé, et aux vitres teintées pour ne pas attirer les curieux. Le jeu commence surtout lorsque William, joué par un Anthony Hopkins dont on ne profitera presque exclusivement que de la prestation vocale, appelle son prisonnier pour le faire tourner en bourrique.
Le film est amusant lorsque son Jigsaw façon Pimp My Ride agace sa victime en lui racontant sa vie, en l'assénant de questions inutiles, en tentant de le culpabiliser pour lui arracher des excuses, ou en le réprimandant pour sa vulgarité à coups de fauteuils-tasers. Il l'est en revanche beaucoup moins lorsque les deux personnages (pratiquement les seuls du film, les autres n'apparaissant qu'à quelques rares occasions) se perdent en débats pseudo-philosophiques sur notre société et sur la lutte des classes. L'idée aurait pu amener un propos intéressant au long-métrage si leurs discussions n'étaient pas d'une affligeante banalité, défilées de lieux communs et enfonçages de portes ouvertes. Ces échanges ne sont pas non plus à même de briser le manichéisme de l'opposition, tant le comportement erratique et les actes excessifs de William le mettent en porte-à-faux. Le discours du vieux grincheux nous hurle en permanence qu'il s'agit d'un combat entre le méchant riche et le gentil pauvre, que c'est en fait ce dernier qui subit l'injustice, et que ses actes sont justifiés, au lieu de vraiment essayer de montrer les torts et les raisons de chacun.
L'action tente de prendre un nouveau tournant ludique lorsque William prend le contrôle de sa voiture et balade l'embastillé à travers la ville, tantôt pour le soumettre à des dilemmes moraux (évidement biaisés) qui se soldent par le passage d'un ou deux voyous sous ses roues, soit pour le tourmenter en rodant sur le chemin que prend sa fille au retour de l'école et en roulant un peu trop près d'elle. Seulement là aussi, comme chaque chose distrayante que le film met en place, l'idée est évacuée aussitôt après son exposition. Le climax, quant à lui, contrevient à ce qui faisait l'attrait du concept, et il est triste de devoir admettre que c'est dès lors que Anthony Hopkins apparaît enfin vraiment à l'écran que l’œuvre atteint ses limites, et peine à se conclure convenablement.
Piégé ressemble au final à une successions de sketchs, chaque torture ou tourment psychologique est distrayant mais sans conséquence, le débat d'idées des deux personnages ne débouche sur rien, et aucun développement réel ne leur est apporté. Restent la performance louable de deux excellents acteurs qui se débrouillent comme ils peuvent avec le peu qu'ils ont à jouer, un énième high-concept aguicheur mais trop peu creusé pour nous occuper sur toute la durée d'un long métrage, et une fin heureuse dénuée de tout cynisme qui, à défaut d'être très pertinente ou de faire réfléchir, mettra peut-être un peu de baume au cœur.
(si vous voulez Hopkins en psychopathe qui verse dans les conversations philosophiques, allez plutôt regarder le silence des agneaux)
Créée
le 3 oct. 2025
Critique lue 5 fois
le 13 avr. 2025
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