Rarement ai-je le sentiment d'être aussi peu en phase avec le tout-venant que quand je constate l'enthousiasme apparemment ubiquitaire avec lequel les critiques cinématographiques amatrices continuent d'encenser certains blockbusters du cinéma d'action des décennies passées, les plaçant dans leur filmographie sans le moindre scrupule au même niveau que les chef d’œuvre de Kubrick, Tarkovsky, Bergman, Carpenter, Cronenber et consors.
"Nine million terrorists in the world and I have to kill one with feet smaller than my sisters's."
Le cinéma d'action (le terme en lui-même est un non-sens, mais soit) ou le genre du film catastrophe est un cinéma que j'ai longtemps évité, ne sachant que trop bien que je ne supporterais pas même les fleurons du genre, dont je trouve le principe d'une stérilité intellectuelle et ludique sans borne.
Et au sein de ce genre, Die Hard est roi.
Que l'on se mette bien d'accord, ça n'est absolument pas la représentation de la violence qui me déplaît, ou le fait de construire un récit autour et vers une résolution finale outrancièrement épique et martiale, permettant ainsi de faire naître chez le spectateur (généralement masculin, j'en discuterai pas ici mais c'est intéressant de le souligner) une profonde satisfaction et de valider ainsi la mission première d'une œuvre artistique qui reste le divertissement.
"Supervisor: Attention, whoever you are, this channel is reserved for emergency calls only.
John McClane: No fucking shit, lady. Does it sound like I'm ordering a pizza? "
Je ne superpose pas les méthodes et déteste sacraliser le processus artistique. Le plaisir que l'on ressent à la vision d'une œuvre découle toujours d'appétences qui peuvent paraître en définitive complètement triviale. On aime simplement se voiler la face et s'imaginer des motivations mystiques ou abstraite quand nous sommes des créatures désespérément carnassière et primales.
Mais ces films sont tout simplement merdiques ! Sérieusement, ce "cinéma", dans lequel j'inclue sans scrupule ni arrière-pensée les Stalone, Schwarzy, Lethal Weapon, Mission Impossible et évidemment les Die hard, n'a absolument rien a offrir en terme de contenu. La psychologie des personnages et la caractérisation est manichéenne au possible, complètement aux fraises, la narration -systématiquement sommaire- n'est jamais crédible, le scénario prétexte, complètement convenu, n'a strictement aucun sens (et c'est d'ailleurs presque une revendication du genre), et le tout est entrecoupé d'interventions "humoristiques" systématiquement grossières, calibrées pour faire retomber la tension et ponctuer le récit de rires faciles comme dans absolument tous les blockbusters racoleurs qui se destinent à l'ensemble de la famille et surtout aux plus jeunes, Marvel et Disney en tête.
"Hans Gruber: This time John Wayne does not walk off into the sunset with Grace Kelly.
John McClane: That was Gary Cooper, asshole. "
Alors on pourrait éventuellement regarder ça comme on regarderait un nanar (c'est comme ça que je suis arrivé au bout), mais passé le visionnage un seul constat s'impose :
Il existe des films qui tournent et se dirigent vers une résolution épique de façon efficace, tout en soignant leur atmosphère et la photographie, et en produisant un scénario qui ne soit pas qu'un vulgaire prétexte servi par une caractérisation unidimensionnelle.
On pensera à Mann, Audiard, Scorsese, De Palma, Coppola (père), Winding-Refn.
Il existe également des films d'action plus fantasques qui s'apprécient au second degré et sont souvent très drôles (c'est le cas des Tarantino, They Live, Big Trouble in Little China, des Rodriguez...).
A la lumière ce ces références cinématographiques, que reste-t-il à cette soupe auto-parodique qu'est Die Hard (ça vaut pour toute la série, ça vaut aussi pour la plupart des films du genre) et qui ne saurait tenir debout ni dans son premier degré, ni dans les suivants ?
Encore une fois ça n'est pas le fait de tenir éventuellement compte du public visé (les jeunes garçons, a priori), qui me dérange, mais le fait que l'on se montre systématiquement indulgent avec les blockbusters qui visent ce public quand on démonte sans le moindre scrupule (et moi le premier) les comédies romantiques, le cinéma contemplatifs, le cinéma militant etc.
Je pense qu'il existe ici une complaisance qui tend vers un certain aveuglement malhonnête.
Die Hard fait partie de ces films bêtes et méchants qui ne devraient pas dépasser la moyenne.