L'acte de tuer

Je n'aime pas les films à rebondissements. En revanche, j'aime beaucoup le slongs dialogues qui mettent en avant les personnages autant que j'aime les sitautions épineuses traîtées avec jusqu'au-boutisme, quitte à étirer démesurément une scène. Et c'est sans doute pour cela que j'ai passé un très bon moment face à "Deathtrap".

Le premier acte (pour reprendre le terme du film) est magnifique : d'une telle épure, on se consacre à quatre personnages, dont deux énormément. Les personnages sont très bavards, expliquent tout de leur plan et de leurs états d'âme. Ce premier acte se termine sur un twist qui ne fonctionne pas trop mal. Pourquoi ? Parce que c'est narré comme une farce et avec beaucoup de radicalisme. Un peu comme "Dead man curves" : humour et morbide se cotoie, on est dans le 'trop c'est trop' assumé. Le deuxième acte me parle moins et pourtant il permet de renforcer le twist du premier acte en l'approfondissement. Les personnages en parlent, le rationnalisent (malgré une intrigue qui se révèle de plus en plus tirée par les cheveux). Malheureusement, même si l'intrigue reste correcte, on n'atteindra jamais l'épure du premier acte. Comme les personnages le disent eux-même, le premier acte est si parfait qu'il est vraiment difficile de s elancer dans le second, de trouver une suite du même niveau. Et puis quelques derniers rebondissements de dernière minute qui, cette fois, ne trouveront pas grâce au travers d'un nouvel acte démystifiant le surréalisme des scènes. On termine donc légèrement déçu. Mais cette seconde moitié de film n'est pas pour autant dépourvue de qualité : de longs dialogues, des situations toujours bien foutues, traîtées à fond, et un humour morbide envahissant.

Côté mise en scène, Lumet nous avait déjà prouvé que le genre huis-clos ne l'empêche absolument pas de laisser libre court à ses envies scéniques : la caméra bouge bien, le plus souvent avec pertinence, et permet de justifier le passage de la planche à la pellicule. Les acteurs, même s'ils ne sont pas ceux de la pièce d'origine, semblent taillés pour leur rôle ; Reeves est tout simplement incroyable (et il est bien dommage qu'on ne se souvienne principalement de lui qu'au travers de son rôle de Superman), Caine est impérial comme souvent (un rôle similaire à ceux qu'il a eus dans "Sleuth" (1972) et "Sleuth" (2007)). Enfin une musique qui fonctionne assez bien avec le ton du film.

Bref, "Deathtrap" souffre un peu de ses effets de surprise mais comme l'intrigue ne repose pas uniquement sur ces artifices, le film tient généreusement bien la route.