Au moyen-âge, Pill, une orpheline, survit en volant de la nourriture. Ses chapardages l’emmènent jusqu’au château du régent, magicien à ses heures. Là, Pil assiste à la tentative de l’usurpateur pour se débarrasser de l’héritier légitime du royaume. L’orpheline doit donc fuir en compagnie d’un soldat et du prince, transformé en créature improbable.
À des années-lumière du médiéval fantasmé de Walt Disney, Pil est une fable authentique. Les costumes, la musique, la ville de Roc-en-Brume et la campagne sonnent vrai. L’effort de réalisme historique nous change des anachronismes parfois grotesques des dessins animés du genre. Le réalisateur Julien Fournet, originaire de Toulouse, a ancré son histoire dans la culture de sa région. Bien sûr, cela reste un conte avec son lot de merveilleux et d’humour grotesque. Il y a même d’excellentes trouvailles comme la licorne-garou. Mais les paysages, les personnages et leur accent sont délicieusement authentiques.
L’animation est tout à fait satisfaisante et les images plutôt jolies. De plus, l’esthétique est suffisamment originale pour se démarquer des Disney ainsi que des animés asiatiques. Enfin, la musique sort tout droit des répertoires médiévaux.
Le scénario est une quête classique avec son groupe de héros improbables, ses gentils et le méchant. Le manichéisme est heureusement évité (Pil est une voleuse) au profit de la grandeur du cœur. De même, la candeur simple du prince peut passer pour de l’imbécillité au début du film, mais révèle toute sa droiture et son honnêteté par la suite. On retrouve les valeurs des histoires de chevaliers.
Pil est un film précieux, car il est imperméable au wokisme qui gangrène la plupart des productions tant pour les adultes que pour les enfants. C’est une œuvre française riche de son histoire qu’elle s’efforce de transmettre avec justesse. C’est si rare qu’il ne faut surtout pas la rater.