Critique écrite un an auparavant après mon premier visionnage


Je crois que je n’étais pas prêt. Je crois que… je ne sais pas quoi penser. Ce film est-il bon ? Oui. Mais ai-je passé un bon moment ? Dur, dur, vraiment dur. The Wall raconte l’histoire de Pink, une star de rock qui s’est isolé dans une chambre d’hôtel. Absorbé par la drogue, Pink se remémore son passé, sa vie et tout ce qui en découle pour nous ramener à une chose… ce mur. Chaque chose que je voyais dans ce film me renvoyait à ce mur… c’en est devenu une obsession. Pink fuie ce mur mais est à la fois meneur vers cet inévitable obstacle indestructible. Mais qu’est-ce donc ? Ma réflexion a durée tout le long de mon visionnage et je n’ai jamais su déterminer ce que ce mur représentait. J’ai mal… Dans cette infinité d’anarchie et d’horreur, The Wall emmène le spectateur dans un univers qui le désoriente pour mieux le frapper. Et je me suis pris ce coup de poing en pleine face. J’ai sans cesse cherché un sens pour au final me prendre une claque sublime qui marquera mon âme de cinéphile à jamais. Et en voyant tout ce que j’ai écrit, je me rends compte que c’est très court. Mais cela prouve bien que je suis déstabilisé et que je n’étais pas prêt à voir The Wall. Ce film est le boss ultime, tu peux le regarder si tu as réussi à endurer toutes les folies du 7em Art. Car je sais maintenant, qu’il n’y aura pas pire… que ce mur.


Critique écrite après le deuxième visionnage


Alors voilà, ça fait déjà un an. Comme le temps passe vite. Un an que je me suis inscrit à SensCritique, un an que j’ai vu Pink Floyd The Wall, un an que j’ai découvert la discographie de Pink Floyd, mon groupe préféré à l’heure actuel. Et surtout, ça fait un an que j’ai souffert devant ce film.
Ce film a été la toute première approche que j’ai eu de The Wall. Avant de voir ce film, le seul morceau que je connaissais du groupe était le culte « Another Brick in the Wall part 2 ». Je me souviens, après mon visionnage de ce film, j’avais carrément arrêté d’écouter ce morceau tellement ça me rappelait de mauvais souvenirs.
Oui, j’ai beaucoup souffert. J’ai un peu de mal à définir la relation que j’ai avec ce film. Je le déteste, et je l’aime à la fois. Il m’a donné de ces migraines et m’a mis mal à l’aise comme pas possible, mais d’une certaine manière, il m’a donné envie de découvrir les autres œuvres de Pink Floyd.
Depuis, j’écoute très régulièrement l’album The Wall. C’est dire, je pense sincèrement que c’est devenu mon album préféré tellement je l’ai écouté, étudié, analysé sous tous ces angles. Je me suis renseigné sur tout ce qui concernait The Wall. Son processus de création, son histoire, les raisons qui ont poussées Roger Waters à imaginer The Wall, bref tout. La première fois que j’avais vu le film, j’étais en manque évidant d’information. D’autant plus que le film est un immense bordel incompréhensible, ce qui n’aide pas vraiment.
Mais désormais que je suis incollable (ou presque), sur The Wall, j’étais enfin prêt, à mettre un terme à mon traumatisme. J’allais enfin revoir le film The Wall, le regarder et me dire : « c’est bon, ce film ne me fait plus souffrir, je l’ai compris, je peux mourir en paix ».
J’ai atteint mon objectif… à moitié.
Faut bien comprendre qu’avec le temps, je me suis fait ma propre interprétation de l’histoire de The Wall. On a chacun sa façon d’imaginer tel passage dans l’album, et ça paraît évident que ça ne concorde pas avec ce qu’on voit dans le film. Ce film, c’est une représentation imagée de The Wall. D’une certaine manière, il devrait aider à la compréhension de l’histoire et des thématiques de l’album. Mais non.
Le truc avec ce film, c’est qu’il pousse le concept encore plus loin. L’album a ses passages douloureux, comme le long « Don’t Leave Me Now », ou les étourdissants « In The Flesh ». Mais pour le film, c’est tout le temps des moments douloureux. C’est d’la merde, je dirai. C’est de la souffrance, c’est du viol, de la torture, de la trahison, de la dictature. C’est des hallucinations psychédéliques et ultra-violentes, c’est des dessins animés mais tellement bizarres qui ne répondent à aucune logique (par contre, l’animation est vraiment impeccable). C’est juste dingue en fait. Et j’imagine que c’était l’objectif de Roger Waters en faisant le film, donc visiblement, il a atteint son objectif.
Après, le film a quand même des défauts. Déjà, les chansons. Même si le remixage de morceaux telle que « Mother » apportant plus de douceur, ou l’ajout de certains effets sonores comme sur « Comfortably Numb », renforçent l’aspect « gros trip de drogué », d’autres chansons souffrent de modifications plus que douteuses. Les deux « In The Flesh », par exemple dans lesquelles Bob Geldof remplace Waters au chant ce que personnellement, je désapprouve. Je trouve que la voix de Waters colle parfaitement au ton de la chanson, et Geldof peine à égaler son prédécesseur. En fait, je suis même pas sûr que ce soit Geldof qui chante vraiment dans les scènes de « In The Flesh », j’ai plus l’impression qu’il fait du play-back quand on le voit chanter (donc si c’est le cas, pourquoi ne pas avoir conservé le chant de Waters ?).
Toujours dans les chansons, je trouve aussi dommage d’avoir retiré « Hey You », ainsi que « The Show Must Go On », d’autant plus que Waters rajoute quelques chansons, on a l’impression qu’il remplace les morceaux de l’album par d’autres. Aussi, il change un peu l’ordre des chansons. Je ne sais pas pourquoi mais « Goodbye Blue Sky » apparaît avant « Another Brick in the Wall part 2 » et « Mother ». Ce qui, admettons-le, n’apporte rien.
Ce qui me gêne aussi, c’est une narration rarement au service de l’histoire. Certes, Waters rajoute certains symboles plus qu’honorables, comme les deux fleures qui se séduisent pour ensuite essayer de se manger. A mettre en relation avec l’histoire d’amour entre Pink et sa femme. Cependant, certains passages tombent dans le psychédélisme dur et n’a plus rien à voir avec la chanson qu’on entend et ce qu’elle raconte. Comme pour « Outside The Wall », je ne comprends pas pourquoi on voit des gamins ramasser des bouteilles de lait (ou d’urine) lors de cette chanson. Déjà que l’histoire est compliquée à suivre, quand ce qu’on voit à l’écran n’a rien à avoir avec ce qu’on entend, c’est vraiment horrible.
Et puis, ça se sent vraiment que c’est du Waters pur et dur. En regardant un peu les bonus, j’ai vu que David Gilmour s’était un minimum impliqué dans la réalisation (je pense que c’est parce qu’il a composé quelques morceaux de l’album), mais concernant Nick Mason et Richard Wright, nada. Vous ne verrez leurs noms qu’une fois dans le générique, « interprété par Nick Mason, Richard Wright ». Alors que Waters est crédité à l’écriture du film, la supervision, la composition, l’interprétation. Enfin bref, tout est contrôlé par Waters ! Et Waters n’est vraiment pas un pro dans le cinéma. Il me semble avoir lu quelque part qu’Alan Parker (qui normalement était le réalisateur) en avait plus qu’assez de Waters qui contrôlait tout.
Mais en fait, tous ces défauts, ça ne fait qu’amplifier l’inconfort que procure le film The Wall. Faut bien comprendre avant de voir ce film, ce n’est vraiment pas une partie de plaisir. Ce film est horrible. Franchement, j’ai plus envie de le revoir. Je serai capable d’écouter un tas de fois l’album, mais pour le coup, revoir ce film, alors ça, jamais !
Donc The Wall en film ? Pourquoi pas. C’est toujours sympa d’avoir des images quand on écoute un de ses albums préférés, mais comme c’est vraiment terrifiant, pas sûr que ça plaise à tout le monde. Pour le coup, je conseil plutôt de regarder les spectacles. Que ce soit l’excellent concert de 1980 avec tout le groupe, le Wall de 1990 à Berlin (célébrant la chute du Mur de Berlin avec plein d’autres artistes tel que Van Morrison ou Scorpions), ou encore l’excellent Roger Waters The Wall sortie en 2015 (vraiment impressionnant), ces trois spectacles sont bien plus plaisants. Donc, regardez ce film, c’est quand même une œuvre cinématographique unique, mais pour voir The Wall en image, favorisez les spectacles.

James-Betaman

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8

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