Plus gras qu'Harry Knowles
Après un premier opus vraiment très satisfaisant, car bourré d'action et de personnages sympathiques (ce qu'on demande à un film d'aventures), Jerry Bruckheimer & Gore Verbinski ont décidé de faire une double suite, dont la première partie, Le Secret du Coffre Maudit, à défaut d'être excellente, restait quand même un film regardable et correct. Nécessairement, il finissait en cliffhanger pour obliger le spectateur à aller voir la suite.
Jusqu'au Bout du Monde, doté du plus gros budget de tous les temps pour un film, se devait de clore la trilogie en beauté, mais pour cela, il fallait récupérer Jack Sparrow, tué dans le climax du deuxième épisode. Le film commence par une scène d'ouverture absolument fantastique, que ce soit dans la mise en scène, âpre, dans l'écriture, terrible, et dans le jeu d'acteur, vraiment impressionnant, et incroyablement cruelle. Et là, c'est le drame, l'heure qui suit (celle du sauvetage du très cabotin Johnny Depp) est pénible, sans rythme et surtout sans interêt. On notera les scènes avec plusieurs Depp, complètement loupées. C'est dommage parce que sinon, dans l'ensemble, l'interprétation est soignée, malgré une Keira Knightley dont la seule expression est d'ouvrir la bouche de surprise, colère, tristesse, plaisir...
Les décors sont magistraux, les maquillages intrinsèquement réussis mais vraiment laids et on sent où est passé l'argent. Malheureusement, il n'est pas passé dans un vrai scénario, les deux scénaristes originaux se perdant dans les méandres d'une intrigue bien trop compliquée, qui enchaînent les traitrises et les accords pourtant cousus de fil blanc (qui pourrait croire qu'Orlando Bloom est méchant ?), les personnages s'y enchaînent sans vraie storyline et le tout est si long et boursouflé que le spectateur s'enfonce doucement dans les bras de Morphée, avant d'être réveillé par la dernière demi-heure, tonitruante mais pas vraiment passionnante.
Jusqu'au Bout du Monde est une bien piètre fin à une trilogie pourtant bien démarrée, à cause d'un scénario catastrophique, d'un surplus de personnage et une perte de maîtrise de la part d'un réalisateur pourtant talentueux. Avec autant d'argent dans le projet, le film aurait du aller à un réalisateur qui sait réaliser un blockbuster ultra-musclé...