"L'opus de trop" est une problématique récurrente chez Hollywood, et sa façon de dénaturer de grands univers, mêlant imagination et aventure, a tendance à lui porter préjudice. Pour certains, le second Pirates des Caraïbes (de loin le meilleur) était déjà l'opus de trop. Alors, à l'annonce d'un cinquième film, les visages ont dû pâlir. Le passé qui rattrape le présent, il en est, plus ou moins, toujours question dans Pirates des Caraïbes. Jack qui veut récupérer son navire, Jack qui doit payer sa dette, Jack qui fait face à une ancienne conquête et maintenant, Jack qui affronte un ancien adversaire. Le Capitaine Salazar est en effet désireux de se venger, après que le jeune Sparrow ait réussi à le vaincre. Face à cette menace pesante, Jack se lance à la poursuite du Trident de Poséidon (rien que ça), et se retrouve rapidement épaulé de nouveaux personnages, eux aussi à la recherche de l'artefact. Drôle de concours de circonstances, et pour cause : le scénario joue bien trop sur le hasard. Et bien évidemment, un hasard généreux. Les trois protagonistes se retrouvent sur la même île, au même moment, chacun avec sa part à jouer dans la quête du Trident... etc. Tout est trop convenu et préparé, si bien que cette nouvelle aventure sonne faux la plupart du temps. La magie n'est plus aussi efficace qu'en 2003, où Sparrow mouillait pour la première fois sur nos écrans. A la tête du projet, deux réalisateurs quasi-inconnus qui cherchent à s'inspirer de Verbinski et s'éloigner de Marshall. Visuellement impressionnant, Pirates des Caraïbes 5 manque pourtant d'audace, la mise en scène étant bien trop impersonnelle et les trucages numériques bien trop flagrants. Reste tout de même de nombreuses séquences épiques, où l'humour et l'action se marient à merveille, sorte de marque de fabrique de la saga. L'aspect comique n'a jamais pris autant de place dans la saga, délaissant les explications et autres scènes d'expositions pour les répliques (parfois lourdes) de Jack et son équipage. Aujourd'hui, on ne rit plus devant Pirates des Caraïbes. On se surprend simplement à sourire. Les grandes figures ne sont plus ce qu'elles sont. Jack n'est que l'ombre de lui-même, démuni de sa chance et de ses biens. Désormais ivrogne idiot, il prend plus ou moins sous son aile le rejeton de Will Turner, qui n'aspire qu'à libérer son père. Sparrow n'endosse pas le rôle du père de substitution, simplement celui du conseiller en séduction, puisque Henry Turner tombe amoureux d'une jeune astronome (elle aussi beaucoup attachée à son père). La romance n'est pas sans rappeler Elizabeth et Will, couple phare de la première trilogie. A l'exception qu'ici, la romance n'est exploitée qu'à la fin, comme pour conclure toutes les intrigues entamées. Et des pistes intéressantes, il n'en manque pas. Mais le blockbuster se contente de les aborder, les effleurer, sans jamais s'y poser quelques instants. Plus court que ses prédécesseurs, Pirates des Caraïbes 5 ne manque pas de rythme. L'ennui n'a tout simplement pas l'occasion de pointer le bout de son nez. Malheureusement, le spectacle apparaît moins divertissant quand les enjeux sont trop faibles. Javier Bardem, en roue libre, tombe dans la caricature et ne sait pas s'il doit adopter l'humour ou la colère. Sans oublier le fameux Trident, trouvé avec une facilité désespérante. Pour combler ce manque d'impact, le scénario aime à rappeler les éléments d'antan, bases mythiques de la saga. Il est question de la malédiction de Will Turner, du nom de Jack Sparrow, de son compas... La saga tente de combler des zones d'ombre qui ne dérangeaient personne et qui, au contraire, complexifiaient les personnages. Retour excessif pour les pirates ? Certainement, car l'aventure n'a jamais été aussi plate. Même si le film bombarde de belles images, le scénario se perd dans le flux d'intrigues, au risque de nuire à l'image des personnages. La scène post-générique n'annonce rien de bon, et cette nouvelle trilogie s'évertue à plomber les beaux souvenirs de La malédiction du Black Pearl, Le secret du coffre maudit ou encore, Jusqu'au bout du monde.

RangerBebop
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le 7 oct. 2017

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