Le réveil de la Force

Un premier opus très apprécié, deux suites assez mitigées et un quatrième mal aimé. Autant dire que la saga Pirates des Caraïbes en a vu de toutes les couleurs. Globalement on est tous d'accord pour dire que les épisodes sont de moins en moins bons mais le véritable fautif étant le dernier, inutile et raté. A partir de là une question se posait : ce cinquième opus va-t-il encore plus enfoncer la saga ou saura-t-il la ramener au top ?

Une chose est sûre : Dead Men tell no tales réussit haut la main à être un divertissement de qualité. Doté d'un rythme ne permettant pas aux spectateurs ne s'ennuyer, les réalisateurs livrent un spectacle comme on était en droit de réclamer devant un Pirates des Caraïbes avec des scènes telles que le braquage de banque en début de film ou encore les batailles navales que l'on prend toujours autant de plaisir à regarder. D'ailleurs les effets spéciaux sont brillants, on pourrait presque croire que l'équipage de Salazard est réel et que Johnny Depp n'a pas 53 ans quand il est rajeuni, le tout sublimé par un visuel magnifique. La bande son est décevante en comparaison de la trilogie mais elle accompagne très bien l'action durant la totalité du métrage.

Il est également agréable de retrouver l'esprit de la trilogie originelle. Tout le monde ne sera pas d'accord mais moi j'ai vraiment eu l'impression de retrouver cette ambiance Verbiskienne. Cet homme nous faisait rêver en voguant sur les mers des Caraïbes sur le Black Pearl et c'est exactement ce que j'ai ressenti ici. L'intérêt de cet opus est discutable mais Joachim Ronning et Espen Sandberg n'en n'ont pas fait un blockbuster vide et sans âme. On retrouve également cet humour propre à la saga. Excepté quelques vannes douteuses et débiles l'ensemble est très drôle, Jack Sparrow réussissant toujours à nous faire rire.

Malgré ses airs de reboot maquillé en suite à la manière de Star Wars : Le Réveil de la Force, cette quatrième suite dispose d'une histoire agréable à suivre et cohérente malgré plusieurs grossières facilités. (EDIT : En fait il y'a pas mal d'incohérences avec la trilogie comme l'histoire du compas par exemple mais ça ne change rien à mon appréciation globale du film.) C'est prévisible et la seule grosse surprise on la voit venir de loin mais ça reste très agréable. Il nous fait rêver à nouveau sur les mers des Caraïbes en proposant tout ce que l'épisode précédent ne faisait pas. L'univers est vaste et ce film le prouve encore. Non sans rappeler le premier film, le côté film d'aventure est totalement maîtrisé : une histoire intéressante abordant des légendes avec des personnages qui ont chacun des buts divers et qui restent fidèles à eux mêmes.

On va en revanche espérer que Disney n'ait pas pour projet de produire d'autres suites en mettant en avant la nouvelle génération comme pour Star Wars. Jack Sparrow est l'âme de cette saga, il a été relégué au second plan dans cette suite ne servant quasiment pas l'intrigue et ça se ressent, il ne faudrait pas réitérer la chose. D'autant plus que Henry Turner n'est qu'une pale copie de son père, sans le charisme d'Orlando Bloom, allant même jusqu'à avoir la même histoire que lui. En revanche j'ai bien apprécié sa partenaire, Carina. Antipathique et fade dans la saga du Labyrinthe, Kaya Scodelario rayonne de beauté et de talent, parvenant à créer un attachement pour cette jeune femme qui plaira aux plus féministes d'entre nous en tant que femme indépendante et débrouillarde. Si on devait retenir une chose de ce film ce serait elle.

Salazard quant à lui relève le niveau du piètre Barbe Noire mais n'égale en rien Barbossa et Davy Jones à cause d'un manque de profondeur. Il réussi néanmoins à inspiré la crainte et Javier Bardem est excellent. Je regrette qu'il n'y ait pas eu plus de confrontation entre lui et Sparrow comme lors de la scène du flash back, la meilleure du film. Beaucoup de tension et un jeu de regard intense, c'est ce Sparrow là qu'on aurait aimé voir tout le film.

C'est dû aux multiples critiques ayant été faites sur les épisodes précédents que la durée de ce cinquième opus a été raccourcie par rapport aux autres. Je trouve ça dommage car ça entraîne un manque de profondeur. On ne fait que suivre l'histoire sans aventures secondaires et les personnages sont trop peu approfondies. Encore que le premier point ne me dérange pas vraiment, le second lui est plus embêtant.

Hormis le flash back les réalisateurs n'ont pas réussi à rendre leur film mémorable. Un peu dommage quand on sait la trilogie n'hésitait pas à nous montrer des scènes spectaculaires qui restent dans la tête.

Une histoire en deux actes auraient été intéressante mais ce cinquième volet de la trilogie fait office de conclusion, bouclant tous les arcs jusqu'ici entamé. Ce happy end ne semble pas forcé et on est surtout content de revoir Will et Elizabeth, même si ce sont de courtes apparitions, qui faisaient pour moi une des grandes forces de la première trilogie.
Pourtant on peut aussi penser que ce n'est qu'un prémisse à une véritable conclusion. Cet épisode est un peu trop maigre pour être la conclusion d'une telle saga, manquant d'epicness et d'un final mémorable. Qu'est ce que je n'aurais pas donné pour voir le Hollandais Vollant combattre aux côtés du Black Pearl...

Au final Dead Men tell no Tales peut s'avérer décevant sur bien des points comme sur l'histoire similaire à celle de La Malédiction du Black Pearl et ses facilités, le traitement de Sparrow ou encore Salazard mais on ne boudera pas notre plaisir devant un divertissement de cette qualité et quant au fait de retrouver l'ambiance qui faisait le charme des films de Gore Verbinski. Le film y aurait gagné à s'attarder un peu plus sur certains personnages et rendre le tout un peu plus grandiloquent.

Le pari était risqué pour cette suite au sous titre français dégueulasse et il s'en sort plutôt bien. Alors oui, il y a beaucoup de défauts mais en ce qui me concerne ils n'ont que peu entaché le plaisir que j'ai pris en suivant cette aventure. C'était couru d'avance que ça allait être décevant, est-ce raté pour autant ? Non. Je me replongerais dans cette aventure avec presque autant enthousiasme que dans les trois premières.

PS : pour ceux qui n'auraient pas compris le titre, il fait référence au fait que comme Star Wars 7 ce film est un reboot déguisé en suite et qu'il arrive à, en partie, réconcilier avec la saga.