Le voilà donc le film qui a coûté la maison, le plan épargne, la retraite, les ayant-droits, la carrière, la femme, la famille (je m'égare) du magicien Jacques Tati.
Dans une ville entièrement recréée en studio, un gentleman déambule. Tout est très théâtral, les dialogues sont étouffés par les bruits, il n'y a pas réellement d'histoire, c'est d'abord un drôle de bidule qu'on entre aperçoit.
Et puis arrive la séquence du resto, et là on se met à rire d'un rire franc et libéré devant ce spectacle incessant où il y a une trouvaille, un rebondissement à la minute, au milieu de ce total kheops (qui en fait n'en est pas un) et de ses personnages tous plus givrés les uns que les autres.
Il y a un je ne sais quoi de Ionesco dans ce chef d'oeuvre, surement parce que c'est volontairement absurde mais pas que. Derrière ce mic-mac une probante analyse de la société apparaît, analyse des gens, de la ville, des cultures et même de la nature humaine.
En fait c'est un peu un Metropolis français, un délire au coût colossal que Tati a pu mettre en oeuvre grâce à ses récompenses internationales passées. Et bon dieu je l'en remercie, un met aussi fin et acerbe ça ne se voit pas tous les jours.